Palythoa grandis : précautions requises par Coral Biome
Coral Biome élève dans ses installations des espèces de Zoanthides potentiellement toxiques car susceptibles de contenir des concentrations de palytoxine élevées.
En premier lieu, nous avons étudié les relations phylogénétiques de certaines espèces dont le fameux Palythoa grandis, espèce rare d’eau profonde endémique du Golf du Mexique. La détermination de la position phylogénétique de P. grandis est importante car, selon Deeds et coll., il existe un lien étroit entre l’appartenance d’une espèce à un groupe donné et sa toxicité potentielle. Nous avons donc analysé la séquence moléculaire de la grande sous unité de l’ARN ribosomal mitochondrial 16S de P. grandis. Notre analyse phylogénétique est en faveur d’une toxicité potentielle chez cette espèce. En effet, P. grandis se groupe avec Palythoa heliodiscus, espèce connue pour sa forte concentration en palytoxine. Cette espèce est classée parmi les zoanthides les plus toxiques dans l’étude de Jonathan Deeds.
Afin de confirmer la toxicité de P. grandis, nous avons effectué une analyse par chromatographie en phase liquide d’un échantillon de P. grandis. Une autre espèce indéterminée de Palythoa sp. a également fait l’objet de cette analyse ainsi qu’un spécimen appartenant au genre Zoanthus de la catégorie Vice Zoa.
Le principe de la chromatographie en phase liquide est de séparer les différentes molécules présentes dans un extrait. La détection des molécules est réalisée sous lumière UV à la longueur d’onde où la palytoxine présente un maximum d’absorbance (263 nm). Le matériel et la méthode mis en œuvres sont identiques au protocole décrit par Deeds et coll. Dans cette dernière étude, le temps de rétention de la palytoxine dans la colonne était de 13 min, durée que nous avons également pu observer au cours de l’analyses des extraits de P. grandis (A). Un résultat en accord avec sa position phylogénétique et ses relations de parenté étroites avec les espèces toxiques connues. Le deuxième spécimen indéterminé de Palythoa sp. présentait également un pic spécifique de la palytoxine (B) mais pas chez le Zoanthus Vice Zoa (C). L’absence de pic pour ce contrôle négatif confirme bien la toxicité des Palythoa versus Zoanthus comme l’analyse de Deeds et coll. l’avait proposé précédemment.
Ainsi P. grandis et d’autres espèces de Palythoa cultivées dans nos aquariums présentent des taux de palytoxine potentiellement dangereux pour l’homme, ce qui justifie des précautions élémentaires lors de leur manipulation : utilisation de gants et de lunettes de protection.
Spécial remerciement à Robert de l’Université d’Aix-Marseille pour son aide dans l’analyse chromatographique. Ce travail a été réalisé par Pierre Maziani, étudiant en licence de Biologie. Un grand merci pour sa disponibilité, sa rigueur … et sa bonne humeur!
Source : Coral Biome