Le bio floc, une technique d’aquaculture à transposer au récifal ? Par Yannick Ramage

Posté le 20 mars 2014 par

Après la lecture du document publié par Liam de France Nano Recif : « la nutrition des coraux hermatypique », on ne peut que chercher à nourrir intelligemment ses SPS. Le bio floc est une technique d’aquaculture qui gagnerait à être essayée en récifal car elle permet de produire facilement des agrégats planctoniques vivants, potentiellement intéressants pour la nutrition des coraux.

L’aquaculture est actuellement le seul secteur de production dont l’accroissement dépasse celui de l’humanité. Le développement de ce secteur s’est traduit par la mise au point de systèmes à même de traiter les effluents d’élevages intensifs.

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Le biofloc est l’une d’elles, et est des plus ingénieux et des plus adapté à la crevetticulture ou à l’élevage de poisson capable de consommer des particules (comme le tilapia). En appliquant un bullage suffisant à une eau suffisamment chargée de rejets azotés (des concentrations d’ammoniac de 10 mg/l sont évoquées) et de carbone organique, les bactéries dégradant les matières organiques s’agglomèrent (phénomène de floculation), avec différents éléments (algues, plancton …) pour former des particules d’environ un millimètre qui resteront dans la colonne d’eau du fait du bullage.

La floculation des bactéries est un processus complexe combinant des phénomènes physiques, chimiques et biologiques. Les mécanismes exacts entrant dans la création du bio floc sont relativement méconnus, mais on sait qu’ils s’appuient particulièrement sur les polymères extracellulaires produits par les bactéries.

Ces particules de bio floc peuvent s’enrichir d’autres organismes tels que des algues où des protozoaires (animaux unicellulaires), en fonction de ce qui est présent dans le système. Ces particules sont à même de réaliser le cycle de l’azote et sont donc en cela très utiles à l’épuration

Dans un document de l’Ifremer sur les performances de reproduction en bio floc, on apprend qu’ils ont induit le développement du bio floc en ajoutant de la mélasse (sucre sous forme liquide), à raison de 50 % de la ration en granulé (soit 10 fois la quantité d’azote contenu dans l’aliment). Ce document met en évidence un gain de performance non négligeable (15 % d’œuf et 30 % de larves en plus par rapport au système normal).

Il est très difficile de convertir les valeurs de bullage utilisées pour le biofloc en aquaculture en des valeurs appréhendable en récifal. Cependant, il est indiqué qu’un bullage suffisant est nécessaire, que la valeur optimale est assez éloignée de ce seuil, et que, passé cette valeur, le floc risque de se déliter.

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L’idée qui suit n’a pas été testée et n’est qu’une hypothèse et n’a pas encore été testée

Dans le cadre du récifal, il est envisageable de fabriquer un réacteur à bio floc sur le modèle des éclosoirs à artémia : bouteille de soda débarrassée de sa base, maintenue culot en bas et avec brassage par bulleur par le fond. Ce réacteur à bio floc pourrait ensuite être ensemencées avec de l’eau de l’aquarium, du jus d’écumeur et du sucre liquide, les proportions ne sont pas encore connues et resteront à ajuster en fonction de chaque bac. Les élevages aquacoles utilisant le biofloc se faisant à la lumière du jour, on peut envisager un éclairage complémentaire et de rajouter des algues (ex chaettomorpha linum) mixées à ensemencement pour enrichir le bio floc. Une fois que le bio floc est bien lancé, il est certain qu’il faut le nourrir (jus d’écumeur et sucre liquide) pour l’entretenir, il est probable qu’un changement d’eau régulier soit à prévoir. S’il l’on parvient à maintenir le bio floc, on dispose d’une source de nourriture vivante riche pour nos animaux filtreurs, a récolter régulièrement.

Sources et crédit photo :

The basics of bio-flocs technology: The added value for aquaculture P. De Schryver, R. Crab, T. Defoirdt, N. Boon, W. Verstraete ⁎ Laboratory Microbial Ecology and Technology (LabMET), Ghent University, Coupure Links 653, B-9000 Ghent, Belgium

Premiers géniteurs de L.stylirostris issus de l’élevage hyper-intenif en floc en Nouvelle Calédonie : performances comparées avec les géniteurs des élevages traditionnels M. Huber, E. Cardona, G. Fersing, P. Lemaire, P. Brun, J.R. Maillez, F. Broutoi, J.M.Peignon, A.L. Marteau, J. Goguenheim(1) et L. Chim(2)

 

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