Les tout-en-bouche (Jawfishes) sont de bon candidats pour un aquarium Nano-Récifal

Posté le 12 octobre 2015 par

Les « tout-en-bouche » (traduction littérale de « Jawfishes » en anglais) les plus communs dans le commerce appartiennent à la famille des Opistognathidae.

Ce groupe présente néanmoins d’autres genres : Lonchopishus, Merogymnoides… Ces derniers sont plus rares dans les boutiques aquariophiles ou sur les sites de vente en ligne. La principale raison semble être le fait qu’ils soient peu pêchés. A cela s’ajoute le peu de demande qu’ils suscitent d’où le peu de motivation pour les professionnels de les proposer sur le marché aquariophile.

Cela ne signifie pourtant pas que ces genres soient dénués d’intérêt. Bien au contraire, certaines espèces sont assez stupéfiantes. Ces poissons apportent une note particulière aux nano-récifs, qui sont de plus en plus communs. Ils engagent des dépenses moins importantes ainsi qu’une maintenance et un entretien plus aisés que les aquariums de plus grande taille, qui étaient les standards il y a encore quelques années, et qui le sont encore mais à une moindre mesure.
Il semble également que beaucoup d’aquariophiles néophytes optent pour un aquarium allant de 30 à 120 litres pour une première expérience en aquariophile récifale, ce qui correspond à la catégorie des nano-aquariums.

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Les « tout-en-bouche » ressemblent aux Blennies mais sont généralement de plus petite taille. Cependant leur corps est plus long que celui de ces dernières.
Leurs tête, bouche et yeux sont relativement larges comparés au reste du corps. Ils présentent une unique et longue nageoire dorsale avec 9 à 12 rayons épineux. La queue des Opisthognathidés peut être ronde ou pointue en fonction du genre et l’espèce.
Les espèces présentes dans cet article présentent parfois de légères différences de coloration selon leur origine géographique. La tête jaune d’Opistognathus aurifrons en est l’exemple.

La plupart, si ce n’est tous les Opistognathidae, vivent dans des terriers qu’ils creusent dans le substrat sableux. Ils remplissent leur bouche de sable et le déposent à un autre endroit. Ils créent parfois un tunnel dans leur terrier s’étendant sur plusieurs dizaines de centimètres. Ceci est à l’opposé des gobies réalisant des terriers courts et sans tunnel. Les terriers des « tout-en-bouche » peuvent donc être parfois complexes d’après les spécialistes travaillant sur leur comportement, bien que nous ayons peu de chances de voir l’étendue complète de ceux-ci.
Utilisant leur terrier pour en surgir, ils se nourrissent de plancton ainsi que de toutes autres petites formes de vie qui flottent dans la colonne d’eau à proximité, prêts à se remettre à l’abris au premier signe de danger. Ils sont également très protecteurs des environs de leur terrier. La surface qu’ils défendent dépend d’une espèce à l’autre, le plus souvent pas très large, proche des trente centimètres autour du terrier.

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Les Opistognathidae sont incubateurs buccaux : ils gardent les oeufs dans leur bouche où ils écloront et seront protégés des autres poissons susceptibles de chasser les alevins.

Typiquement, l’incubation est réalisée par le mâle et dure de 7 à 12 jours ou un peu plus longtemps pour certaines espèces. Au bout de cette période, les alevins sont relâchés mais restent néanmoins très près de la femelle afin de profiter de sa protection pour quelques jours supplémentaires. Ci-dessous, un gros plan montrant ce comportement particulier.

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Plusieurs espèces de « tout-en-bouche » ont été maintenues avec succès mais seulement lorsque les aquariums -ou nano aquarium – présentent le bon type de substrat et avec une épaisseur suffisante pour qu’ils creusent leur terrier et tunnel (ce qui implique que les terriers se prolongent dans le substrat).
Il est recommandé d’utiliser un mélange de deux tiers de sable fin et un tiers de sable grossier ou corail concassé. Il faut alors bien mélanger les deux et créer une zone dans votre aquarium où l’épaisseur de substrat est d’au moins 7 voire 9 centimètres.
Cette épaisseur n’est pas requise sur l’ensemble de l’aquarium, mais la surface minimale recommandée présentant celle-ci est de 15 par 20 centimètres. Pour permettre aux aquariophiles de voir le « tout-en-bouche » et son terrier, il est préférable d’aménager cette zone à l’avant de l’aquarium et dans un coin. Lors de l’ajout du « tout-en-bouche » dans votre nano-aquarium, relâchez-le au dessus de la zone préférentielle à l’aide d’un petit récipient en plastique. Les filets sont à éviter.
Assurez-vous que le temps d’acclimatation ait été suffisant et dans de bonnes conditions. Laisser flotter le sac de transport n’est pas recommandé. Utilisez un récipient et mettez en place un système de goutte à goutte pour 30 minutes ou plus si l’écart de paramètres entre l’eau de votre aquarium et celle dans laquelle il est arrivé est important. Gardez en tête le fait que certains magasins aquariophiles maintiennent leurs poissons dans une eau à faible densité pour réduire le risque de maladies.

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La plupart des « tout-en-bouche » du genre Opistognathus sont relativement de petite taille et peuvent être maintenus avec d’autres espèces non-aggressives dans des aquariums d’au moins 75 litres (plus de préférence). Un aquarium de 150 litres est idéal pour un couple reproducteur par exemple.
J’ai remarqué que les espèces d’Opistognathus sont petites mais quelques exceptions deviennent assez grandes. Prenons l’exemple d’Opistognathus rhomaleus qui peut facilement atteindre les 50 centimètres. Bien entendu vous ne trouverez pas les plus grandes sur le marché aquariophile, et beaucoup de magasins ne proposent même pas les plus petites. Mais en cherchant un peu vous serez capables de trouver celle que vous souhaitez maintenir.
Les « tout-en-bouche » sont très amusants à observer et faciles à maintenir à condition d’éviter la cohabitation avec d’autres espèces aggressives qui les pousseront à rester dans leur terrier. Vous ne les verrez alors que très rarement. Sans fauteur de troubles, les « tout-en-bouche » passeront leur temps à entrer et sortir de leur terrier et présenteront des comportements intéressants. Certains les appellent « guetteurs/sentinelles » car lorsque vous approchez de l’aqarium (après un certain temps), ils sortiront de leur terrier, certainement pour être prêts à être nourris.
Ils nécessitent une nourriture carnée de petite taille : nauplies d’artémias fraichement écloses, petites Mysis, vers noirs de Californie (Lumbriculus variegatus) et autres nourritures similaires. Ils se nourrissent également de rotifères et copépodes s’il y en a dans votre aquarium. Si vous leur proposez des vers, assurez vous qu’il s’agisse des noirs de Californie et de ne pas trop en mettre en une fois car ils ne survivent que 15 secondes environ dans l’eau salée. Ils sont très nutritifs et considérés comme une nourriture « complète ».
Avec des conditions de maintenance correctes et une eau de bonne qualité, vos « tout-en-bouche » se porteront très bien et feront la fierté de votre nano-aquarium à coup sûr. S’ils présentent des difficultés à se nourrir dans un premier temps, essayez de les nourrir au dessus de leur zone en s’assurant que les autres poissons ne viennent voler leur nourriture. De plus, assurez-vous auprès du vendeur qu’ils se nourrissent correctement et avec quel type de nourriture afin de commencer par celui-ci une fois chez vous.

De plus amples informations sur les « tout-en-bouche » sont disponibles dans mon nouveau livre « les nano-aquarium » disponible ici :
http://nanoreefs.info

© Albert J. Thiel March 2013 and the Photographers of the images shown

Traduction et relecture : Axel, Bernard, Sébastien

Source : Albert Thiel / http://nanoreefs.info

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