Les bactéries en récifal

Posté le 15 novembre 2016 par

On peut avoir tendance à l’oublier tant nos bacs sont bardés d’appareils électriques, mais l’aquariophile repose, et n’est rendue possible, que par le travail des bactéries. Sans elles, pas de cycle de l’azote, et sans cycle de l’azote, les poissons mourraient dans leurs déjections en quelques heures. Bien entendu, tout un tas d’autres bactéries contribuent à l’équilibre de nos bacs, notamment celles qui sont capables de digérer la matière organique.

Cela n’a rien d’exceptionnel, en effet, dans la nature, ce sont également les bactéries qui assurent la dégradation des déchets azotés et de toutes autres matières organiques.

 

bacteria

Culture de bactéries en laboratoire, étape incontournable de la R&D sur les micro-organismes.

 

Le culte de la désinfection de notre société a fait mauvaise presse aux bactéries, voici certains points qu’il nous parait intéressant de rappeler :

  • La diversité des espèces, ou plutôt des souches, est sans égal dans le monde du vivant.
  • La diversité des espèces bactériennes tient à la fois de leur très longue et riche histoire évolutive, de leur spécialisation dans l’exploitation de ressources bien précises et de leur faciliter à muter et échanger de l’ADN avec des autres espèces bactériennes (transfert de gènes).
  • Les bactéries sont de véritables couteaux suisses, capables de réaliser un très grand nombre de transformations chimiques différentes. Cela explique pourquoi les bactéries ont généralement un ADN à peine deux fois moins long que celui de l’être humain.
  • Il y a un environ 1 million de micro-organismes par millilitre d’eau de mer.
  • Une très faible proportion des bactéries sont pathogènes, et le plus souvent, les pathogènes le sont pour un nombre limité d’espèces cibles.
  • Les bactéries se multiplient par scissiparité, autrement dit, elles se divisent en deux quand les conditions sont favorables (jusqu’à une division toutes les 20 minutes).
  • Certaines bactéries se mettent sous forme de spores pour résister aux conditions défavorables, et retrouver leur état d’origine lorsque les conditions le permettent. Il est néanmoins possible de tuer des bactéries, et ce de nombreuses façons, y compris par d’autres souches via une guerre chimique. Par ailleurs, elles peuvent être consommées par de nombreux organismes, zooplancton et coraux inclus.
  • Les bactéries exploitent toutes les niches écologiques possibles et imaginables ; et assurent donc une infinité de rôles. Ce n’est donc pas un hasard si dans votre corps, pour chacune de vos cellules il y a 10 bactéries, vivant en symbiose avec vous!

 

Les bactéries en récifal

La santé de votre bac est, entre autres le fait des dynamiques bactériennes que vous entretenez via :

  • Les changements d’eau et traitements de l’eau (écumeur notamment),
  • L’ensemencement initial par les roches vivantes,
  • Les multiples apports de matière organique,
  • Les contaminations (ajout de bactéries, de nouvelles boutures, introduction de poissons, ajout de roches vivantes, la nourriture, l’air, vos mains, etc.).

La diversité microbienne de nos bacs est très probablement très limitée par rapport à celle d’un récif naturel car:

  • Ils ne sont ensemencés qu’à partir d’une petite fraction de la biodiversité naturelle.
  • Les écosystèmes stables ont tendances à perdre de la diversité, du fait de la disparition des niches écologiques causée par tous types de perturbations.
  • L’apport de nouvelles souches est très réduit par rapport au milieu naturel.

Parlons tout d’abord des PRObiotiques : par extension, ce sont les cultures vivantes de micro-organismes bénéfiques pour les organismes ou les écosystèmes, dont les bienfaits sont supérieurs à leur simple valeur nutritive.

L’ajout de probiotiques et de prébiotiques

Quelles sont les raisons pouvant amener à ajouter des bactéries dans un bac récifal ?

  • Pour démarrer un bac, particulièrement s’il est démarré en pierre morte.
  • Pour stabiliser un bac qui montre des difficultés.
  • Pour dynamiser le cycle de l’azote et de la matière, pour améliorer la qualité de l’eau et donc la santé des coraux.

Après les PRObiotiques, parlons des PREbiotiques, qui sont des éléments inertes (même d’origine organique)  bénéfiques pour les organismes ou les écosystèmes, dont les bienfaits sont supérieurs à leur simple valeur nutritive. L’exemple type en récifal est la méthode Vinaigre – Sucre – Vodka (VSV), qui est sensée agir en faveur de l’équilibre du bac, bien au-delà des bénéfices liés à leur seule assimilation.

Quels sont les risques ?

  • Ne pas avoir d’effet, du fait de la qualité des produits ou de la flore bactérienne déjà en place. Cela reviendrait donc à gaspiller de l’argent.
  • Perturber le bac, et donc nuire aux animaux ou favoriser l’apparition de pestes (cyanobactéries, dinoflagellés, etc.).
  • Induire un équilibre instable, où les problèmes apparaîtront à la fin du traitement.

 

Conclusion

L’ajout de bactéries est une voie d’amélioration très intéressante pour le récifal, qui pourrait à la fois améliorer le bien-être de nos animaux et limiter le besoin en matériel pour le traitement de l’eau. Néanmoins, cela n’est pas indispensable et n’est pas sans risque, d’autant plus que l’observation des effets est extrêmement difficile. Nous pouvons compter sur les marques pour se lancer dans une course effrénée qui aboutira à de supers solutions, même s’il y aura forcément quelques ratés en cours de route.

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