Acropora millepora : l’Acropora roi
Après plus de 20 de culture de coraux et des expériences avec plusieurs centaines d’espèces et variétés d’Acropora, il y en a quand même un qui sort du lot. Et ce n’est pas sa beauté, ou ses colorations qui font la différence, c’est sa difficulté.
Une espèce sensible ?
Cela a toujours été un corail à problème : la demande est importante et il existe toute une série de colorations et combinaisons de colorations. C’est donc assez compliqué de toutes les avoir et surtout toutes les avoir en production intensive.
Ensuite, lorsqu’il y a un problème, c’est toujours la première espèce touchée. Un peu comme le truitomètre. Si les milleporas vont bien, tout va. Par exemple, pour savoir si on va avoir un épisode de Drupella, ce petit gastropode parasite des Acropora, il suffit de surveiller les millepora. Car ce sera à chaque fois, la première espèce touchée. Et c’est pareil pour les blanchiments.
Ma théorie est que c’est une espèce charnue, avec un métabolisme important. C’est donc un met de choix pour les prédateurs et le métabolisme important est facilement perturbé par n’importe quel dérèglement. C’est un peu la Ferrari des Acropora. Elle attire les prédateurs et sa maintenance est compliquée.
Un métabolisme élevé
Acropora millepora habite les eaux très peu profondes, souvent dans moins de 2 m d’eau. Il préfère les endroits protégés sur la barrière peu exposés ou les lagons abrités. Mais juste derrière la zone agitée et riche en oxygène.
Compte tenu de son habitat, il est évident qu’il est très exposé à la lumière et que donc l’activité symbiotique de ses zooxanthelles est importante. Mais pas que : sa position haute dans la colonne d’eau, lui permet un accès important à la nourriture, notamment à toutes les particules qui flottent juste sous la surface. Puisque à marée basse il baigne littéralement dans la soupe planctonique.
Sa forme tabulaire corymbose caractéristique est un véritable piège à particules finement élaboré, fruit d’une évolution de plusieurs centaines de millions d’années. Les branches sur le pourtour sont réservées à la croissance et à la perturbation des courants d’eau. Produisant une décantation des particules au milieu de la colonie, où sont positionnés les longs tentacules de nourrissage. Donc, l’extérieur de la colonie agit pour casser la lame d’eau et le centre pour attraper la nourriture. La forme de la coupe latérale de la colonie, est un peigne parfait. Et donc, malgré sa forte exposition aux radiations lumineuses, ce corail possède un appétit vorace.
Cet apport très important d’énergie lui permet un métabolisme élevé, une croissance rapide, une maturation sexuelle accélérée, etc. Mais la contrepartie de cela est une sensibilité importante au moindre dérèglement.
Adaptation à l’Aquarium
C’est je pense pour cela que la majorité des aquariophiles ont des difficultés avec cette espèce. C’est extrêmement rare de trouver des colonies captives qui ont gardé leur forme sauvage. En aquarium on constate souvent des pousses de manière anarchique, alors que dans le milieu naturel, elles sont construites, comme des cathédrales, très organisées.
Probablement que le manque de nourriture et de circulation sont les causes principales. Donc nourrissez et remuez vos millepora !