Drupella : l’escargot qui dévaste les Acropora

Posté le 29 mars 2020 par
Voila à quoi ressemble un Drupella en train de se nourrir d’un Acropora de culture.

Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler car ce parasite n’apparait que très rarement en aquarium. Mais, sur les récifs du monde entier, avec l’étoile de mer, couronne d’épines Acanthaster plancii, il dévaste les champs d’Acropora du monde entier.

Un prédateur vorace

Une paire de Drupella sp en train de se nourrir d’une Porites quand les Acropora commencent à manquer.

Les escargots du genre Drupella sont des parasites qui favorisent les Acropora et Montipora comme source de nourriture. Lorsque ceux-ci se font rares, ils peuvent se nourrir de quelques autres espèces comme Porites, Pocillopora … voire même des Fungia.

Lorsqu’il n’y a plus d’Acropora à manger, les Drupella peuvent même s’attaquer aux Euphyllia / Fimbriaphyllia

Ces coquillages qui font jusqu’à 5 cm de longueur, souvent recouverts d’algues calcaires, mangent la base des coraux branchus. Ils y sont eux-mêmes difficilement accessibles pour leurs prédateurs (Poissons Napoléon, labres, balistes, poissons porcs-épics …). Les labres grâce, à leur os pharyngien, sont capables de briser la coquille de nombreux mollusques et crustacés.

Comment repérer Drupella ?

Drupella
Sur ce large massif d’Acropora sp, tout l’intérieur du massif a été dévoré par les Drupella, ne laissant que les pointes encore vivantes.

Pour les repérer, il suffit de regarder la base d’Acropora et de voir une zone morte blanche. Mais les Drupella ne mangent pas les coraux aussi vite que A. planchii. La zone morte est généralement entourée de zones grises ou vertes qui ont déjà été colonisées par les algues. Au contraire dans le cas d’une prédation par A. planchii, on a une grande zone morte englobant non seulement la base, mais tout le corail. Les deux parasites sont nocturnes, il faut donc souvent bien regarder dans les anfractuosités autour des marques de nourrissage qui sont elles flagrantes.

Cet Acropora vient juste d’être transplanté sur le récif, et sorti de nulle part, en quelques jours, des Drupella l’ont déjà senti, trouvé et ont dévoré sa base.

Ce parasite est cryptique : il se cache souvent dans les interstices sous les coraux. Ils sont coloniaux, et vivent en groupes. Ils forment une masse dans les branches du corail. Ainsi des milliers d’individus peuvent se nourrir de la même colonie de corail. Il existe plusieurs espèces et les plus connues sont D. cornus et D. rugosa. Leur coquille est épaisse et solide. L’ouverture est étroite ce qui en fait une très bonne armure.

3 gros Drupella s’attaquant à la base d’un Acropora

Ils se nourrissent de tissus vivants et sont assez sélectifs dans leur nourriture. Ils ont des préférences, même chez les Acropora. Comme les aquariophiles, ils raffolent des A. millepora et A. tenuis, car leurs tissus sont épais.

Une véritable menace pour les Acropora

Cela fait plus d’une dizaine d’années que nous assistons à des explosions de leur population et en parallèle, nous voyons les Acropora disparaitre des récifs. Et un récif sans Acropora est un récif avec beaucoup  moins de poissons et de diversité. La structure importante des massifs d’Acropora forme un refuge pour de nombreuses espèces animales.

Drupella
Une grappe de Drupella se nourrissant d’un Acropora sp

Les raisons de ces explosions ne sont pas bien établies, mais la surpêche des poissons qui s’en nourrissent et l’augmentation de la température des océans sont des pistes plausibles … Des études montrent qu’ils sont attirés par les coraux stressés et qui produisent plus de mucus.

Une paire de Drupella se dévorant un A. abrotanoides

Dans un monde parfait, ces mollusques limitent le tempérament normalement expansif des Acropora pour donner la chance aux autres coraux. Mais en ces temps obscurs pour les Acropora, c’est plus leur mise à mort qui s’installe.

Drupella
Une grape de Drupella dans un Acropora sp. Ceux-ci peuvent être difficiles à enlever sans casser le corail.

Pour l’instant la seule méthode consiste à les retirer de l’eau à l’aide de petites pinces fines (celles utilisées pour les aquariums de plantes aquatiques d’eau douces sont parfaites). Un peu comme on le fait avec les escargots dans un jardin. C’est ce que l’on fait sur nos fermes et sur nos sites de restauration de récifs. On apprend à de nombreux plongeurs à le faire, et petit à petit cela porte ses fruits sur des petites surfaces malheureusement.

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