La collecte de coraux Australiens pour l’aquariophilie, menacée par le réchauffement climatique

Posté le 16 juillet 2020 par
Les Micromussa lordhowensis provient du sud de la grande barrière de corail.

Une étude récente menée en Australie sur la Grande Barrière de corail par l’université James Cook de Townsville met en évidence les problèmes causés par la collecte de coraux ornementaux pour l’aquariophilie, lors d’épisode de blanchiments successifs comme ceux qui sont arrivés ces 4 dernières années.

Pratchett, M.S., Caballes, C.F., Newman, S.J. et al. Bleaching susceptibility of aquarium corals collected across northern Australia. Coral Reefs 39, 663–673 (2020). https://doi.org/10.1007/s00338-020-01939-1

Les ‘Scoly’ ont une zone de répartition étroite et sont sensibles au réchauffement.

Cette étude met en évidence le problème de la sur-collecte de certaines espèces déjà menacées par le changement climatique.

Des réactions différentes

Les Euphyllia glabrescens gold, sont collectés en grands nombre dans le sud de la grande barrière de corail.

Pour cela ils ont pris 6 espèces : Homophyllia australisMicromussa lordhowensisCatalaphyllia jardineiTrachyphyllia geoffroyiDuncanopsammia axifuga, et Euphyllia glabrescens, qui sont des coraux très importants pour la collecte ornementale. Ces espèces ont été soumises à des tests de stress pour voir leur résistance face aux élévations de température. Homophyllia australis et Micromussa lordhowensis sont particulièrement vulnérables aux élévations de température. Le fait qu’ils proviennent du Sud de la Grande Barrière, où l’eau est plus fraiche, y est certainement pour quelque chose. Catalaphyllia jardinei et E. glabrescens ont aussi montré des taux de mortalité élevées. De leur côté, T. geoffroyi et D. axifuga ont mieux résisté : ils ont blanchi mais ne sont pas morts. Le fait qu’ils proviennent des eaux côtières près des mangroves et sont donc habitués aux eaux plus chaudes y est là aussi surement pour quelque chose.

Catalaphyllia jardinei réagit au stress en détachant ses tissus de son squelette.

Des espèces donc extrêmement menacées

Micromussa lordhowensis provient des eaux froides et résiste mal au réchauffement climatique.

Là ou cette étude prend toute sa signification, c’est pour les espèces Homophyllia australis et Micromussa lordhowensis qui sont parmi les plus populaires sur le marché aquariophile, et sont donc collectées en grande quantité, alors que leur zone de répartition est très restreinte avec à peine plus de 300 km de longueur de côte sur une centaine de kilomètres de large. Si l’on ajoute à cela les 3 épisodes consécutifs de blanchiment en moins de 4 ans, on se retrouve face à un vrai problème.

Des réponses différentes face à l’élévation de température

L’étude met également en avant une réponse différente de certaines espèces en conséquence au même stress d’élévation de température. En effet, il existe peu d’études qui s’intéressant aux coraux d’aquarium.

Les H. australis réagissent au stress thermique en rétractant leurs tissus à l’intérieur de leur squelette.

Par exemple H. australis blanchit rarement, mais au contraire ses tissus se rétractent à l’intérieur du squelette et finit par mourir. Alors que T. geoffroyi blanchit rapidement, mais au final la survie est assez importante. Chez Catalaphyllia jardinei, les tissus se déchaussent.

Des espèces comme E. glabrescens doivent être surveillés par rapport à leur collection et au réchauffement climatique.

L’étude conclut par la menace que la collecte et le réchauffement corallien font peser sur ces espèces, et le besoin pressant de contrôler avec plus de soins les quantités des ces espèces qui sont commercialisées. En effet, les quota Australiens sont établis par rapport au tonnage, et ne prennent pas en compte les espèces. Sur certaines espèces particulièrement sensibles au réchauffement climatique et ayant une petite zone de répartition, cela crée une vulnérabilité particulière pour cette collecte. Ces espèces doivent être particulièrement surveillées.

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