Sinularia : un corail mou constructeur de récif
C’est un concept un peu étrange, en dehors de ce qu’on nous a toujours appris. Les coraux durs hermatypiques, se construisent un squelette calcaire, dans lequel les polypes peuvent se réfugier. Les coraux mous produisent des substances chimiques pour se protéger des prédateurs. Donc par définition, les coraux mous ne sont pas des bâtisseurs de récifs. Et bien figurez vous qu’il y a plusieurs exceptions qui confirment la règle. L’une d’entre elle c’est le cas de quelques espèces de Sinularia, telles que S. polydactyla, S. gibberosa …
Des Sclérites pour solidifier leur structure
En effet, pour rigidifier leur structure et résister aux vagues et courants puissants des eaux peu profondes qu’ils préfèrent, les coraux mous produisent des petites structures calciques, appelées Sclérites. Ce sont de petites épines calcaires de quelques mm de long et moins d’un mm d’épaisseur, qui sont éparpillées dans le corail. Chez certaines espèces de Sinularia, elles sont tellement nombreuses, notamment dans le pied, qu’elles finissent par fusionner entre elles pour former de la roche calcaire appelée ‘Spiculite’. On sait maintenant que certaines colonies de Sinularia vieilles de plusieurs centaines d’années ont littéralement construit des récifs entiers. Ce sont donc des bâtisseurs de récif à part entière au même titre que les coraux durs.
Un pied massif et dense
Ainsi au fur et à mesure que le corail grandit, il augmente la densité de ces sclérites et lorsque celles-ci se retrouvent dans le pied, le corail produit du carbonate de calcium amorphe, pour cimenter toutes les sclérites entre elles et créer cette spiculite. La spiculite est une roche calcaire extrêmement dense et solide.
Le support fait partie du corail
Si l’on regarde attentivement le pied, on se rend compte que ce n’est pas une colonie de Sinularia posée sur un rocher, mais que la colonie de corail est juste la ‘tête’, ‘l’extrémité’ et que la roche dessous est en fait le squelette du corail, qui lui permet de s’ancrer dans cet environnement agité. Plus on regarde vers le bas, plus la densité de sclérites augmente et la limite entre le corail et la roche n’existe pas vraiment. Tout est en gradients.
Les coraux ne cesseront jamais de nous étonner et on en apprend tous les jours. C’est pour cela que c’est un monde si fascinant.