Sinularia pocilloporaeformis, le corail mou aux allures de corail dur

Posté le 22 octobre 2020 par
La surface des colonies de S. pocilloporaeformis ressemble fortement à la surface de certaines espèces de Pocillopora

Les coraux mous sont un peu les parents pauvres de l’aquarium récifal. En effet, peu colorés, ils sont souvent relégués au rang de garniture de l’aquarium récifal. Ils sont donc rarement le plat principal ou le dessert. Pourtant certains coraux mous, même s’ils ne sont pas très colorés, n’en sont pas moins intéressants. C’est le cas de cette espèce de Sinularia, Sinularia pocilloporaeformis, dont la forme est tout à fait intéressante et un cas classique d’évolution convergente.

Sinularia pocilloporaeformis était classé dans le genre Dampia, mais il a été récemment replacé dans le genre Sinularia ce qui est assez logique, compte tenu de la grosse densité de sclérites dans son pied.

Une longue séparation

Les polypes de coraux mous ont toujours 8 tentacules.

Les coraux durs et coraux mous se sont séparés il y a plus de 700 millions d’années. Et ont donc évolué de leurs propres côtés pendant tout ce temps. Les uns ont choisi des polypes avec des tentacules en multiples de 6 et les autres au nombre de 8 tentacules. Les uns ont choisi de se construire un abri dans lequel ils peuvent se réfugier, les autres ont choisi de se doter d’un arsenal chimique pour se protéger.

Un habitat partagé

Sinularia pocilloporaeformis colonise le même habitat que bon nombre d’espèces de Pocillopora. En effet, on le trouve en haut de la pente corallienne, souvent sous les vagues, où l’eau est extrêmement turbulente. Dans cet environnement extrême, la vélocité de l’eau est très importante et c’est donc très compliqué pour les coraux de se nourrir.

Une évolution convergente entre Sinularia pocilloporaeformis et Pocillopora verrucosa

Dans cet environnement extrême, ces coraux ont développé les mêmes caractères morphologiques. Leur surface est couverte de ‘verrues’, qui transforment la surface du corail en râpe, qui ralentissent les turbulences de l’eau. Cela a pour effet de forcer les particules à ralentir et venir buter contre les tentacules des polypes logés entre et qui peuvent donc les capturer.

Cela s’appelle l’évolution convergente. Deux espèces avec des ancêtres extrêmement éloignés ont développé des caractères morphologiques similaires pour s’adapter dans le même environnement. C’est cet aspect, qui rend cette espèce de corail mou très intéressante.

On notera que les verrues sont causées par les polypes rétractés, et que des polypes blancs très attrayants recouvrent la colonie lorsqu’ils sont déployés. Ces polypes rendent ce corail particulièrement attractif.

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