Les coraux urbains s’adaptent étonnement bien !
Cela fait maintenant plus d’une décennie que nos amis Floridiens de Coral Morphologic cherchent à mettre en lumière les coraux urbains intertidaux de Miami et leur valeur scientifique potentielle.
Ces coraux étonnamment résistants semblent mieux éviter le blanchissement et les autres maladies qui frappent leurs congénères au large des récifs naturels.
L’analyse génétique au cœur de nouvelles trouvailles
Au cours des deux dernières années, ils ont travaillé avec des scientifiques du Laboratoire météorologique océanographique de l’Atlantique (AOML) de la NOAA pour expliquer ces différences à l’aide d’analyses moléculaires en laboratoire sur des échantillons de tissus prélevés sur le terrain. Ce travail a finalement abouti à la publication nommée « Mécanismes moléculaires de la persistance des coraux dans des emplacements hautement urbanisés dans le port de Miami, en Floride » à retrouver dans la revue de recherche Frontiers in Marine Science.
Lisez le document ici : www.frontiersin.org/article/10.3389/fmars.2021.695236
Un changement de Zooxanthelles
Nous avons constaté que les coraux cerveaux symétriques (Pseuododiploria strigosa) vivant en milieu urbain (en particulier la partie externe du port de Miami, aux côtés de MacArthur Causeway et de Star Island à Miami) étaient principalement colonisés par Durusdinium sp. Une souche d’algues symbiotiques (zooxanthelles) qui fournit au corail de l’énergie photosynthétique. Durusdinium est connu pour être un genre de zooxanthelles plus tolérant à la chaleur, et a longtemps été étudié par des scientifiques cherchant à créer des « super coraux » résistants au blanchissement. Cependant, jusqu’à cette étude, le corail cerveau symétrique avait rarement été observé hébergeant cette espèce de zooxanthelles ailleurs dans la région, ce qui rend ces observations ici à Miami assez remarquables.
D’autres adaptations très intéressantes
Au-delà des symbiotes utiles, les coraux cerveaux symétriques vivant dans l’environnement urbain se sont également avérés produire des protéines et des enzymes connues pour identifier et digérer les envahisseurs pathogènes. Ces protéines pourraient être un double avantage pour le corail, car les microbes pathogènes peuvent être digérés comme nourriture avant de pouvoir infecter le corail. Les environnements marins urbains autour de Miami ont souvent des concentrations élevées de phytoplancton et de matière organique dans l’eau, ainsi que des concentrations bactériennes élevées qui nécessitent fréquemment des avis de santé publique « interdiction à la baignade ». La capacité de capter et d’extraire plus d’énergie des aliments pourrait améliorer leur santé et assurer leur subsistance pendant les périodes de blanchiment.
Ces résultats sur une seule espèce de corail urbain dans l’environnement côtier de Miami suggèrent qu’une enquête plus approfondie est justifiée chez les autres espèces de coraux qui ont colonisé les rivages en béton et en enrochements de la ville. Il montre également comment les conditions hydrogéologiques créées par l’homme autour du Port de Miami servent de gant évolutif pour sélectionner des coraux mieux adaptés à la vie dans l’Anthropocène.
Cela fait plus d’une dizaine d’année que Coral Morphologic, milite pour attirer l’attention sur ces surprenant coraux, et nous sommes ravis de voir qu’enfin, ils ont réussi démontrer qu’ils avaient raison.