Des coraux pour débuter
Les coraux peuvent paraître inaccessibles aux débutants, pourtant les connaissances et le matériel actuels nous permettent de rêver d’un petit bout de récif à domicile. Les maîtres-mots pour tout aquarium récifal est patience, observation et stabilité.
Remarque : par simplicité, nous parlons ici généralement des « coraux mous » mêmes si certains exemples ne sont pas senso stricto des « coraux » vis-à-vis de la classification scientifique. En aquarium, ils sont souvent considérés comme tels.
Les coraux mous
Il est indéniable que les coraux mous sont les plus recommandés pour se faire la main sur la maintenance d’un aquarium récifal. Sans squelette calcaire, ils se balancent allègrement au gré des courants pour le plaisir de tous. Les coraux mous sont variés tant dans leur taille, que leur forme et leurs couleurs. Un aquarium totalement peuplé de coraux mous peut très vite être attirant tout en étant simple de maintenance.
Parmi les coraux mous, les « coraux cuirs » sont certainement les plus connus des débutants. Ce terme regroupe de nombreux genres : Sarcophyton, Lobophytum, Sinularia, Litophyton, Nephthea, Cladiella, Capnella… Chaque genre présente différentes espèces : les coraux cuirs à eux seuls offrent déjà un joli choix pour débuter avec les coraux ! Alors qu’il y a quelques années leur choix se limitait à leurs coloris les plus fréquents, c’est-à-dire une coloration globalement brune à blanche, les formes aux polypes ou même au tissu verts sont de plus en plus fréquentes. Les coraux cuirs se contentent de courants et d’un éclairage modérés, mais peuvent se satisfaire d’un éclairage plus faible ou s’accommoder à une plus forte intensité. Le courant doit cependant toujours être suffisant au risque de les voir s’affaisser et péricliter. Leurs tissus sont gonflés d’eau, et une bonne circulation est nécessaire pour leur apporter les éléments nutritifs et évacuer leurs excrétions. A ce sujet, les Sarcophyton, Sinularia et Lobophytum « muent » régulièrement pour se débarrasser des algues, sédiments et déchets accumulés sur leurs tissus. Cette étape se passe normalement sans encombre lorsque le courant auquel ils sont soumis est suffisant. Si ce n’est pas le cas, une petite aide pourra leur être apportée : avec la main, créez un courant aidant à la fine pellicule transparente de se décoller du tissu.
Paramètres principaux recommandés pour débuter en aquarium récifal :
KH : entre 8 et 10 °KH
Calcium : entre 400 et 440 mg/L
Magnésium : entre 1350 et 1440 mg/L
NO3 : < 5 mg/L
PO4 : < 0,04 mg/L
Température : entre 24 et 26 °C
Salinité : 35 à 38 soit une masse volumique relative de 1.025 à 1.027
Les coraux présentés ici sont moins sensibles à d’éventuels écarts ponctuels et non excessifs.
Les grandes colonies de coraux cuirs servent d’abri pour les poissons comme les Gobiodon, et servent de corail de substitution aux anémones pour les poissons-clowns.
Côté paramètres d’eau, ils sont assez résilients aux concentrations élevées de nitrates et phosphates (ce qui permet de les maintenir en aquarium « Fish Only », peuplés de poissons souvent pollueurs et consommateurs de coraux), mais il est recommandé de conserver des taux raisonnables de ces éléments, notamment si vous souhaitez maintenir d’autres coraux dans le même aquarium.
Autre grande famille de coraux mous répandus : les « stolonifères ». Ils se caractérisent par un tissu rampant, souvent violacé, duquel se dressent des polypes dont la forme et la couleur varient selon l’espèce. Ils rappellent la propagation par stolons de certaines plantes. Les plus communs sont les Briareum et Pachyclavularia. En partant d’une petite bouture, ils colonisent rapidement leur entourage pour former un tapis de polypes verts. Il est d’ailleurs recommandé de les installer sur une pierre isolée du reste du décor pour éviter qu’ils n’étouffent leurs voisins. Certains les collent même à la vitre du fond pour « remplacer » le sable ou aux vitres latérales pour avoir un rideau vert ondulant dans le courant. Placez les dans un courant modéré à fort (mais non-cisaillant) pour éviter que des sédiments n’étouffent leur tissu. Ils sont peu regardants vis-à-vis de l’éclairage.
Les coraux des genres Discosoma et Rhodactis sont également un bon apport à tout aquarium de débutants. Ces disques colorés surmontant un pied de fixation au décor se multiplient rapidement. Il en existe de toutes les couleurs : bleu, orange, rouge, jaune, vert, unis ou panachés de stries, points ou taches. Ces coraux n’apprécient pas les courants laminaires forts. Selon leur coloration, ils peuvent se placer plus ou moins à la lumière mais les souches les plus répandues se plaisent à une zone moyennement éclairée. Lorsque l’environnement immédiat n’est plus colonisable, il n’est pas rare que des rejetons se détachent pour coloniser d’autres espaces de l’aquarium.
Le xenia, oui mais attention !
On ne peut évoquer le fameux Xenia, notamment connu pour « pomper » l’eau. Sa maintenance est aisée et accessible à tous, mais il a un fort potentiel envahissant. Si vous tenez à le maintenir, faites attentions aux pieds qui se détacheront pour aller ailleurs, même dans les endroits les plus sombres, où il trouvera le moyen de se multiplier !
Finissons les présentations de coraux mous par les Zoantaires. Les Zoanthus et Palythoa sont très à la mode depuis quelques années avec l’apparition de souches aux noms originaux comme « Rasta », « Eagle Eye », « Lord of the ring » … La difficulté de ces coraux varie énormément d’une souche à l’autre. Alors que les souches « classiques », arrivant souvent en colonies sur des morceaux de roches, certaines souches aux colorations très spécifiques ont des besoins particuliers (intensité, couleur d’éclairage, courant, alimentation) qui nécessitent beaucoup d’expérience et d’habitudes d’observation des Zoanthidés. Pour commencer, tournez-vous vers des colonies sans noms particuliers, ou parmi les souches avec des « noms » commerciaux, ceux cités en début de paragraphes sont parmi les plus faciles. Cousins proches, les Parazoanthus gracilis d’un jaune éclatant sont eux faciles à maintenir.
Les coraux durs à gros polypes (LPS)
Si vous voulez vous lancez dans les coraux durs (qui produisent un squelette calcaire, responsables de la formation des récifs en milieu naturel), les coraux durs à gros polypes, communément appelés « LPS » sont une bonne opportunité. Moins fragiles que les coraux durs à petits polypes (SPS), ils ajoutent de la variété de forme et de structure entre les coraux mous. Il faudra alors porter une attention particulière aux valeurs de KH, calcium et magnésium.
Les Caulastrea sont sans doute les LPS les plus courants chez les aquariophiles. Surnommés « coraux trompettes » en rapport avec les polypes qui recouvrent l’extrémité des branches du squelette, ils existent en vert, bleu glacier ou encore bicolore brun et bleu. Placé dans un courant modéré et varié, sous un éclairage moyen à fort, il formera rapidement une belle colonie arrondie.
Les Fimbriaphyllia (anciennement Euphyllia depuis la scission du genre avec E. glabrescens, voir n°138), sont également des coraux appréciés pour leur relative facilité de maintenance. Les espèces les plus faciles sont sans doute F. paraancora et F. paradivisa, qui semblent moins sujettes aux risques de maladie de la gelée brune. Bien placés – ils ont les mêmes préférences que les Caulastrea –, ils déploient des polypes de plusieurs centimètres de long. Les colorations les plus communes sont un mélange de vert et de rose entre la couleur des tentacules, du disque oral et de l’extrémité des tentacules. L’Euphyllia glabrescens doit être placé dans un courant plus soutenu que les espèces de Fimbriaphyllia. Le Duncanopsammia axifuga a des besoins assez similaires aux Fimbriaphyllia et ses polypes en forme de fleurs apportent de la variété.
Les coraux durs à petits polypes (SPS)
Forts de votre expérience réussie avec les coraux mous et les LPS ? Vous pouvez vous laisser tenter par des SPS réputés faciles. En plus de l’attention portée au KH, et concentrations en calcium et en magnésium, il faudra pour les SPS veiller davantage sur les nitrates et phosphates.
C’est avant tout son squelette en forme de feuilles qui attire l’œil sur Pavona cactus. Ses teintes vertes et sa croissance rapide en font un SPS idéal pour débuter. La colonie prendra une forme originale selon son exposition au courant et à la lumière qui peuvent idéalement être modérés.
Les Montipora capricornis forment rapidement de grands plateaux. Il est possible de coller plusieurs coloris assez proches et ceux-ci pourront fusionner. Placez-les dans un courant suffisant pour que le fond des coupelles soient brassées et éviter le dépôt de sédiments. Si c’est un corail branchu que vous cherchez, le Montipora digitata est également réputé facile. Ils sont fréquents en vert, rouge orangé, violet et bleuté.
Corail icônique depuis quelques années, le Stylophora pistillata « Milka » est également accessible aux débutants. Son surnom provient de sa coloration rappelant la célèbre marque de chocolat : les tissus sont violets, et les extrémités du squelette est blanc. Les pointes blanches sont le signe de la croissance du corail. Placez le dans un courant assez soutenu et un éclairage intense, et une bouture de quelques centimètres donnera rapidement une colonie de quelques dizaines de centimètres.
Avec un peu de surveillance régulière sur les paramètres clés de l’eau de votre aquarium et un ajustement aux valeurs cibles, vous pouvez vous constituer un joli aquarium récifal à domicile. Sur les plus petits volumes, des changements d’eau réguliers peuvent suffire à les stabiliser autour des bonnes valeurs, sinon une supplémentation manuelle ou sur pompe doseuse peut être instaurée. Toutes ces espèces faciles de maintenance ont également pour avantage d’être disponibles au format de boutures à un prix raisonnable car elles sont cultivées depuis de nombreuses années en captivité.