Valonias : conseils de lutte – Percer ou pas ?

Posté le 13 juillet 2024 par

Un bac récifal a toujours son lot de tracas, et les Valonias font partie des plus récurrents. Qu’est-ce que c’est, sont-elles vraiment gênantes, d’où viennent-elles, comment s’en débarrasser ? Autant de questions qui se posent lors de notre première rencontre avec une nouvelle espèce dans notre aquarium. Voici des éléments de réponse, et surtout, un point sur l’éternel débat : les percer ou pas ?!

 

 

Les Valonias : description

Sous ce terme qui correspond à un genre scientifique d’algues se cachent entre 30 et 6 espèces. Des scientifiques en classeraient certaines sous un autre genre, mais restons simples ici. Les Valonias sont des algues unicellulaires individuelles ou formant des tapis ou amas. Elles poussent sur un substrat solide sur lequel elles se fixent pour se développer. Elles sont présentes dans la quasi-totalité des mers et océans du globe, on en trouve par exemple en Méditerranée.

Les Valonias colonisent les roches vivantes.

Leur identification est très simple : elles ont une forme de bulles plus ou moins tubulaires, d’un vert foncé brillant. Comme évoqué précédemment, elles sont soit isolées, soit en amas ou tapis denses.

 

Pourquoi posent-elles problèmes en aquarium marin ?

Ce n’est pas la Valonia individuelle qui pose problème, mais sa capacité à coloniser le moindre millimètre carré de support libre. Et elles sont capables de se fixer n’importe où : roches, sable grossier, pompes, chauffages, peignes de filtration, squelette corallien…

Une Valonia qui se divise à sa base.

En colonisant les roches, elles rentrent en concurrence avec les coraux encroûtant ou tapissant. Deux cas de figure : le corail « ignore » les Valonias et pousse par-dessus, ou « les évite » en ralentissant sa croissance à leur rencontre, et poussera autour. Elles deviennent encore plus gênantes pour les coraux lorsqu’elles se développent directement sur eux.  En effet, il se peut qu’un peu de squelette se trouve dépourvu de tissu au cœur d’une colonie de corail branchu par exemple par manque de lumière ou courant. C’est un emplacement idéal pour qu’une Valonia s’y accroche et se multiplie, pouvant élargir la nécrose du corail. Aussi, dans une moindre mesure, les Valonias consomment des oligo-éléments, réduisant leur disponibilité pour les coraux.

Les Valonias commencent à coloniser le squelette d’un Caulastrea.

Lorsqu’elles poussent sur les tuyaux, peigne de débordement, colonnes de débordement et autres éléments de circulation de l’eau, elles perturbent le flux d’eau. Dans les cas extrêmes, cela peut mener à un débordement ou la modification des niveaux d’eau (et attention aux matériels qui y sont sensibles comme l’écumeur, l’osmolateur, etc).

Attention à vos peignes de débordement !

En s’installant sur les pompes, elles entraînent la modification de leur efficacité, augmentent le risque de bruit (frottements), blocage mécanique. Si elles forment une colonie autour d’un chauffage, elles créent une résistance thermique et altèrent son fonctionnement.

Les Valonias peuvent gêner vos pompes de brassage.

 

Introduction dans l’aquarium

Elles arrivent essentiellement sur les roches vivantes, ou sur un support d’un corail nouvellement ajouté à l’aquarium. Si les plus grosses sont visibles à l’œil nu, il se peut qu’elles soient minuscules, au début de leur développement. Vous ne les verrez alors qu’après plusieurs semaines, lorsqu’elles auront « gonflé », profitant des conditions idéales présentes en aquarium marin.

 

Les solutions de lutte

Pour éviter toute situation incontrôlable, il est recommandé d’intervenir le plus tôt possible lorsque l’on détecte la présence de Valonias dans un aquarium.

La première façon de lutter contre est la manière « biologique », en introduisant des espèces les consommant.

Mithrax ou Mithraculus sculptus; le crabe vert émeraude est redoutable.

La plus connue est le crabe émeraude, ou « Mithrax », ou Mithraculus sculptus. Doté de pinces courbes en formes de palettes, il est un redoutable et infatigable algivore. Il ne mettra pas longtemps à consommer les Valonias qu’il rencontre sur son chemin. Plus l’individu choisi est grand, plus il sera efficace, notamment contre les plus grandes Valonias. D’après un article scientifique sur le sujet, son efficacité est réduite lorsqu’il a la possibilité de manger des aliments congelés ou granulés.

Les Siganus peuvent aider contre les Valonias (Crédit : Shutterstock.com – Vladimir Wrangel )

Les poissons-lapins du genre Siganus (Lo) sont également connus pour consommer les Valonias. Selon certains, les espèces à museaux plus courts comme S. Corallinus, S. virgatus ou S. guttatus seraient plus efficaces que les autres (S. vulpinus, magnifica, unimaculatus). Contrairement aux Mithrax, certains individus se désintéresseront totalement des Valonias. Dans ce cas, il restera un très beau poisson dans votre récif.

Bien entendu, comme pour l’ajout de toute espèce dans son aquarium, il faut considérer deux facteurs limitants :

  • Le volume de l’aquarium : l’aquarium est-il assez grand pour accueillir l’espèce ajoutée ?
  • La population déjà présente dans l’aquarium : les poissons déjà installés ne vont-ils pas mener la vie dure au nouvel arrivant (autres chirurgiens par exemple) ? Il n’y a-t-il pas un prédateur de crustacés ?

L’autre solution est le retrait manuel. Vous comprendrez le conseil d’agir au plus vite dès que l’on en remarque une. Il y a cependant un débat quant à leur arrachage. En effet, il est réputé qu’en les perçant, les Valonias libèrent des spores qui se répandent alors dans l’aquarium et entraînent une multiplication exponentielle de leur nombre.

Après de nombreuses recherches parmi la littérature scientifique, il s’avère que la question ne fait pas consensus. Voici un résumé des connaissances sur le sujet :

  • Certains auteurs ont mis en avant l’alternance chez certaines espèces d’individus produisant des gamètes (gamétophytes), qui nécessitent un croisement entre deux gamètes de polarités opposées pour former un nouvel individu, et des individus produisant des spores (sporophytes), qui produisent un nouveau pied sans avoir à rencontrer une autre spore (reproduction par division). Les deux types d’individus étant identiques, il est impossible de savoir lequel est lequel lorsqu’il est question de les arracher. Cela met en avant une variable interspécifique et inter-individus.
  • Il y aurait une saisonnalité dans la production des spores, rajoutant un facteur temporel au problème.
  • Un article parle également de l’incapacité de certaines espèces, comme Valonia aegagropila, de survivre en cas de perçage de la paroi de l’algue.
  • Valonia ventricosa, la plus grande espèce (elle peut faire jusqu’à 5 cm de diamètre !), peut se multiplier lorsque sa membrane est percée en formant des protoplastes, des compartiments contenant son matériel génétique pouvant donc reformer un nouvel individu.

 

La question reste donc totalement ouverte… D’autant plus que nous n’avons jamais vu de Mithrax ou Siganus dressés pour manger des Valonias sans les percer.

Un aquarium 2 mois après un arrachage « sauvage » en perçant les Valonias. Résultat : pas d’invasion, mais seulement celles oubliées se multiplient.

Nos conseils :

C’est pourquoi nous conseillons :

  • De retirer le plus rapidement les Valonias détectées, idéalement et si possible, en dehors de l’aquarium en retirant le support sur lequel elles se développent (roche, tuyau…), et en rinçant avec de l’eau de l’aquarium avant de le remettre en place. Dans ce cas, il est recommandé de filtrer mécaniquement de manière fine après le retrait manuel. Placez du perlon en le compactant dans le micron bag, ou placez un filtre interne avec perlon et charbon dans l’aquarium.
  • D’ajouter un ou des Mithrax et/ou un Siganus selon le volume et la population de votre aquarium
  • De surveiller et garder sous contrôle les concentrations en nitrates et phosphates dont se nourrissent les Valonias, sans non plus trop appauvrir l’aquarium, car les coraux en ont également besoin.
  • Filtrer sur lampe UVC peut également aider en cas de libération de spores dans l’aquarium. Pour une meilleure efficacité du filtre UVC, il est recommandé d’utiliser une lampe légèrement surdimensionnée et une pompe avec un débit lent.

Partager sur

Toutes les actualités