Mais qui est François « Neo » ?
Portrait de François « Neo », le plus américain des récifalistes français.
Dans la cuisine de formation, comment es-tu devenu professionnel en aquariophilie ?
Né et grandi sur les rives de la mer Rouge à Djibouti, les récifs coralliens faisaient partie de mon quotidien. Enfant, je passais des heures sur les bancs de sable à marée basse, observant et jouant avec des poissons que je relâchais ensuite dans le récif. Cette connexion précoce a éveillé en moi un rêve : posséder un aquarium.
Au collège, n’étant pas passionné par les études, un professeur m’a orienté vers une formation technique. J’ai intégré le prestigieux lycée hôtelier de Nice, où j’ai découvert une vocation pour la cuisine. Travailler aux côtés des meilleurs chefs, dans la rigueur des brigades, a forgé mon caractère. À 23 ans, ma carrière était déjà bien établie et me permettait de réaliser mon premier rêve : acheter un aquarium d’eau douce.
Cependant, mon attrait pour l’eau de mer ne faisait que grandir. Après des visites dans les boutiques aquariophiles de la région, j’ai construit mon premier bac marin de 1000 litres, équipé de technologies innovantes comme les ampoules HQI 20K. Avec le temps, j’ai constaté que mes connaissances surpassaient souvent celles des vendeurs locaux. Cela m’a poussé à relever un défi : faire de ma passion un métier.
Je me suis promis que si l’aventure échouait, je pourrais toujours revenir à la cuisine. Mais, 30 ans plus tard, je travaille aux États-Unis avec les meilleurs récifalistes au monde, prouvant que ce pari a largement porté ses fruits.
Es-tu aquariophile amateur avant d’en faire ton métier ?
Oui, sans aucun doute ! Ayant grandi sur les récifs coralliens, ma passion pour les poissons et les coraux s’est développée très tôt. En 1997, après un séjour à Mombasa, j’ai eu l’idée de professionnaliser cette passion. J’ai créé la première ferme de coraux professionnelle en France, et peut-être en Europe.
La culture des coraux m’a toujours fasciné et a joué un rôle clé dans mon évolution professionnelle. Elle a été une véritable source d’apprentissage et d’innovation.
Tu es connu comme promoteur de la marque Elos. Comment cela s’est fait ? Quel est ton rôle aujourd’hui avec la marque ?
J’ai découvert Elos lors du salon Zoomark à Milan. Leur approche minimaliste et avant-gardiste m’a immédiatement séduit ; cela me rappelait le style épuré d’ADA au Japon. Ce concept correspondait parfaitement à l’idée de qualité que je souhaitais promouvoir dans mes boutiques.
Après une visite de leur showroom et usine à Bologne, je suis reparti avec un contrat de distribution pour les marchés francophones. À l’époque, je ne parlais ni italien ni anglais, mais une complicité forte s’est développée avec Nicola Gandini, le fondateur de la marque. J’ai participé à la conception de produits emblématiques comme des aquariums, des rampes LED, et d’autres innovations.
Plus tard, j’ai géré Elos America en partenariat avec Nicola. Malheureusement, la crise sanitaire a fragilisé Elos Italie, et l’entreprise a été revendue en 2023. Aujourd’hui, je travaille activement à relancer la marque aux États-Unis et reste fidèle à mon attachement pour Elos.
Et pour Exaqua, GNC et Marine Pure ?
Exaqua, Aquaroche, GNC qui m’avait été conseillé par mon ami Jake Adams ont rejoint notre catalogue de l’entité AquariumPartners. Mon expertise a aidé ces petites marques européennes à s’implanter sur le marché américain. Pour Marine Pure, je travaillais avec un de mes commerciaux à leur développement aux USA, et par liens Aquaroche a fait leur distribution en France, j’ai essayé de les aider à conquérir le marché français et italiens, mais le succès pour ce produit n’a pas été très concluant sur un marché français très exigeant. Cependant, la pandémie a provoqué des tensions entre les marques et moi. Aujourd’hui, seule Exaqua poursuit sa collaboration avec moi. Je continue à développer leurs produits aux États-Unis tout en proposant des services de consulting pour aider les magasins américains à évoluer vers le haut de gamme.
Neoquarium, ta boutique à Nice, qu’est-elle devenue ?
L’histoire de Neoquarium a débuté en 1995 à Antibes, avec « Neoquarium – La Ferme Récifale », la première ferme de coraux en France. En 2000, cette aventure a évolué en magasin sur Antibes, puis 10 ans plus tard en un concept store innovant : Elos Aquastudio NICE avec une deuxième boutique, entièrement dédiée aux produits Elos et à une approche haut de gamme de l’aquariophilie.
Cependant, la pandémie a lourdement affecté nos activités, rendant impossible le maintien d’un espace physique. Le magasin a fermé ses portes en 2022, bien que nous ayons continué à opérer avec succès en ligne pendant deux ans. Finalement, pour des raisons personnelles, j’ai choisi de mettre Neoquarium en pause. Cela dit, l’esprit de Neoquarium reste vivant : je demeure François « Neo » et ma passion pour l’aquariophilie est intacte.
Comment perçois-tu l’aquariophilie depuis ton arrivée aux États-Unis ?
L’aquariophilie est une passion mondiale. Aux États-Unis, j’ai été marqué par certaines différences : l’omniprésence des éclairages bleus pour accentuer les couleurs, les décors en plastique, ou encore l’utilisation de roches sèches et de filtres externes.
La reproduction en captivité de poissons marins et la culture de coraux en ferme sont bien plus ancrées aux Etats-Unis. La plupart des magasins proposent leur propre production (ndlr : nous avons également de gros acteurs dans ces domaines en France !). J’ai aussi appris à voir les choses sous un autre angle, notamment sur le lancement rapide des aquariums en 24 heures.
Quel est ton rôle aujourd’hui ?
Depuis deux ans, je me consacre principalement au consulting, en aidant un magasin en Caroline du Sud à se développer. Je continue aussi de travailler avec Exaqua et de relancer Elos aux États-Unis.
Ton corail préféré ? Et ton poisson préféré ?
Mon corail préféré est sans aucun doute le Stylophora pistillata. Sa beauté, sa structure et son comportement en font un choix incontournable pour moi, surtout en tant qu’amateur de SPS.
Quant aux poissons, mon affection va au majestueux Pygoplites diacanthus, aussi connu sous le nom d’ange-duc. Originaire de la mer Rouge, comme moi, il incarne à la fois l’élégance et l’exotisme des récifs de mon enfance. Cela dit, j’ai un faible pour presque toutes les espèces, tant leur diversité et leurs particularités me fascinent.
Un rêve aquariophile ?
Mon rêve serait d’ouvrir un concept store unique, conçu pour être franchisable, où mes deux passions – les coraux et le café – se rencontreraient harmonieusement. Un lieu qui ne serait pas seulement un magasin, mais une véritable expérience
Ce projet allierait le raffinement, le partage et la passion, offrant à la fois un service haut de gamme et un endroit chaleureux pour les passionnés et les curieux. À suivre…
