Mon premier bac récifal EP#02 : le décor et la mise en eau

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Après la mise en place de l’ensemble du matériel technique obligatoire, place à l’agencement du décor, la mise en eau et les bases du « cyclage ». Beaucoup d’informations dans cette étape cruciale, j’essaie de redévelopper un peu plus ici. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à poser vos questions sur nos différents canaux selon vos préférences.

L’agencement

Les roches

Pour construire votre petit bout de récif, il faut un décor de base. Celui-ci doit être composé uniquement de roches spécialement prévues pour les aquariums marins. Vous pouvez opter pour :

• Les roches « vivantes »
• Des roches « mortes » provenant de carrières étant d’anciens récifs
• Des roches « mortes » fabriquées par l’Homme, le plus souvent en céramique

Les roches dites « vivantes » sont des roches prélevées dans le milieu naturel. Elles sont donc habitées d’un tas de formes de vie participant à l’équilibre du récif : algues, escargots, petits crustacés, vers, bactéries parfois même des coraux. En les utilisant, vous ajoutez toute cette diversité bénéfique à l’équilibre de l’aquarium. Leur inconvénient : l’impact écologique de leur prélèvement et leur transport. Elles peuvent aussi être la voie d’entrée dans votre bac d’espèces indésirables, mais ceux-ci arrivent également avec l’ajout de nouveaux coraux sur supports.

Les roches « mortes »  sont généralement de deux natures

• soit des roches de carrière ayant été d’anciens récifs sur d’autres temps géologiques. Maintenant retirées dans les terres, ces roches d’origine coralliennes sont dans les terres et sont prélevées comme d’autres roches de carrière.
• soit des roches fabriquées à base de céramique, une terre qui durcit en étant cuite à très haute température. Tournez-vous uniquement vers des roches en céramiques spécialement conçues pour aquariums marins. Toutes les céramiques ne sont pas inertes en eau de mer, et les fabricants choisissent avec précaution la matière première pour qu’elle soit sans risques pour nos aquariums.

Agencez les en pensant à garder un bon espace autour, pour pouvoir nettoyer les vitres facilement, garder de l’espace de nage pour les poissons et avoir des emplacements pour coller les coraux. Aussi, évitez un empilement trop massif avec de trop grosses surfaces de superposition : les déchets s’y accumulent, polluant l’aquarium.

Le sable

Ici aussi, utilisez uniquement du sable prévu pour aquariums marins. Il est soit d’origine corallienne, soit composé d’oolithes, des concrétions calcaires se formant naturellement dans certaines zones du globe par précipitation de carbonates de calcium. Pensez à le rincer abondamment jusqu’à obtenir une eau de rinçage claire, pas forcément totalement transparente, sinon il vous faudra un grand nombre de rinçages. Vous pouvez soit le rincer sous l’eau courante dans un chinois de cuisine classique ou autre tamis suffisamment fin, soit en versant le sable dans un seau, remplir d’eau, remuer, verser le surnageant, et recommencer jusqu’à ce que l’eau reste raisonnablement claire.

Une couche de 1 à 2 cm maximum suffit. Préférez une granulométrie <2 mm, elle est préférée par la faune vivant sur et dans le sable.

Le remplissage

L’eau de mer pour aquariums n’est pas juste de l’eau salée avec du sel de table ! Elle contient des dizaines d’éléments dissous tous essentiels aux poissons, invertébrés, coraux.

Tout d’abord, l’eau. N’utilisez pas de l’eau du robinet. Elle contient des minéraux dans des proportions variables et des polluants. Utilisez de l’eau osmosée. Vous pouvez vous en fournir chez certains magasins aquariophiles, ou équipez-vous d’un osmoseur. C’est un appareil munis de cartouche filtrant finement l’eau pour en retirer tous les éléments dissous et sédiments. Il se branche simplement sur un raccord type machine à laver (20/27 mm).

Pour la reminéralisation, vous trouverez en boutique spécialisée des mélanges de sels pour aquariums marins et récifaux. Pour débuter, prenez un sel basique pour un aquarium peuplé de poissons et coraux mous uniquement, ou une formule spéciale coraux (souvent avec les termes « Reef », « Pro », « Pro reef », ou mentionné pour aquarium « récifal » et pas seulement « marin »).

Ce sel est à mélanger à raison de 36 à 40 g de sel par litre d’eau, selon la formulation. Le poids peut varier selon la formulation ainsi que le taux d’humidité dans le sac/seau acheté, à l’achat et lors de son stockage chez vous.

Le but est d’obtenir à 25°C une eau avec une bonne concentration, qui peut s’exprimer en différentes unités. Attention aux faux-amis sur les appareils de mesure en anglais ! Tenez vous-en à l’unité présente sur l’appareil de mesure choisi.

• la masse volumique (en g/L –  en anglais, cette unité se dit « Density ») – Valeur idéale : 1023 g/L
• la salinité spécifique (ppt/PSU – en anglais « salinity » ou « practical salinity) – Valeur idéale : 35
• la masse volumique spécifique, ou densité relative (sans unité, en anglais « specific gravity ») – Valeur idéale : 1.025

Vous pouvez utiliser :

• Un densimètre/hydromètre à aiguille – peu cher, il faut avant tout faire attention à son entretien : rincez le plusieurs fois à l’eau osmosée après utilisation, faites le sécher rapidement, et surtout, ne le faites pas tomber. Son utilisation est simple : remplissez-le d’eau de mer, son aiguille flottera selon la densité et vous donnera la valeur
• Un densimètre flottant – le plus répandu. Rincez le également à chaque utilisation, et attention, il est fragile ! Il consiste en un cylindre effilé en verre qu’il faut placer dans un cylindre rempli d’eau de mer. Il flottera en fonction de sa densité, et il faut alors lire la valeur de la graduation à laquelle il flotte.
• Le « stylo » testeur. Plongez-le dans l’eau et un écran vous donnera la valeur.
• Un réfractomètre. Il utilise les propriétés optiques de l’eau de mer. Placez une goutte d’eau de mer à tester sur la plateforme en verre prévue à cet effet. Placez votre oeil dans l’optique tourné vers une source lumineuse. Vous verrez une échelle graduée avec une ligne de séparation indiquant une valeur de densité.

Faites attention à l’unité que mesure votre appareil et entretenez-le à chaque utilisation.

Dans tous les cas, entretenez votre appareil : le rinçage à l’eau osmosée est essentiel, et la calibration du réfractomètre et du stylo testeur est cruciale.

Le démarrage dit « cyclage »

Là aussi, les solutions sont nombreuses. Et pour raison, chacun a sa façon de faire, et les démons des débuts de l’aquariophilie marine rodent encore aujourd’hui, alors que les connaissances, les produits et le matériel permet de vous éviter des semaines voire mois de frustration.

Par le terme « Cyclage de bac », on entend la mise en place d’un écosystème biologique capable de dégrader les déchets produits par les coraux, poissons et invertébrés que l’on veut y maintenir. En effet, ils produisent essentiellement de l’ammoniaque, toxique à faible concentration (l’ammoniaque est l’équivalent de notre urine, pour analogie). Certaines bactéries (les « bactéries du cycle de l’azote ») sont capables de consommer cet ammoniaque pour le transformer en nitrites puis nitrates, moins voire pas toxiques. Le cyclage est donc une période durant laquelle ces bactéries se développent dans l’aquarium au point de pouvoir consommer les déchets des premiers occupants que l’on ajoutera.

Pour vous assurer que ce cycle de l’azote se mette en place, il faut mesurer à l’aide de kits de tests la concentration en ammoniaque, nitrites et nitrates. Vous observerez une montée puis une diminution progressive de l’ammoniaque, puis des nitrites, puis des nitrates.

Voici les méthodes les plus répandues :

• Avec des roches vivantes. Placez les roches dans le bac, et attendez que toutes les formes de vies qu’elles contiennent se remettent du voyage. Certains organismes vont mourir à cause du transport et des changements de conditions. En se dégradant, de l’ammoniaque va être produit. D’autres formes de vies, comme des algues et des bactéries vont le consommer. Vous n’avez donc rien à faire à part observer tout ce qui se développe sur les roches. Vous pouvez mesurer régulièrement ammoniaques, nitrites et nitrates.

• Avec des roches et sable inertes, c’est à vous d’enclencher ce cycle. Alors que l’on voit régulièrement sur internet des bacs démarrés de cette façon, sans intervenir, en pensant que le cycle se fait par lui-même, c’est aller droit dans le mur. Souvent, l’ajout des premiers poissons et invertébrés vire à la catastrophe car les bactéries nécessaires ne seront pas présentes à ce moment là. Lorsque l’on démarre un bac avec sable et roches inertes, il faut ajouter les souches bactériennes, mais aussi l’ammoniaque pour les nourrir et mettre en place la machinerie. Les bactéries se trouvent sous forme liquide en pochons réfrigérés, en bouteilles ou en pots. L’ammoniaque se trouve en poudre sous forme de carbonate d’ammonium ou chlorure d’ammonium. A J0, ajoutez la dose recommandée de bactéries pour votre volume d’aquarium et 5,7 mg de carbonate d’ammonium ou 6,3 mg de chlorure d’ammonium par litre d’eau de votre aquarium. Vous obtiendrez une concentration d’ammoniaque de 2 mg/L. Tous les jours, mesurez ammoniaque, nitrites et nitrates. Lorsque vous détectez une valeur proche de 0 mg/L d’ammoniaque et de nitrites, renouvelez l’opération. Vous pouvez le refaire une troisième fois. Lorsque vous mesurez une concentration d’ammoniaque à 0 mg/l et de nitrites inférieure à 0,25 mg/L, vous pouvez ajouter le(s) premier(s) poissons en restant vigilant à ne pas en ajouter trop d’un coup.

Je vous réexpliquerai en détail ces étapes de cyclage au fur-et-à-mesure que je les observe dans la prochaine video !