Interview de Sabine Penisson

Posté le 23 novembre 2016 par

Sabine Penisson, aka Kactusficus est l’une des figures du web récifal français. Elle écrit pour son propre blog et est très active sur de nombreux forums ainsi que sur Facebook, mais elle est encore plus connue  pour ses magnifiques photos (collections AquaReefPhoto et ArsNatura, packagings des produits Aquarium Systems, Red Sea …) et ses articles dans ZebrasO’mag et d’autres revues US (Reef Hobbyist Magazine, Tropical Fish Hobbyist …). Ses calendriers sont également très réputés et sont attendus avec impatience chaque année.

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La semaine dernière nous avons tous vu le message Facebook indiquant que Sabine Penisson devenait la nouvelle responsable du service client de Marine Life, numéro 1 en Europe dans la VPC d’animaux marins.

Recifal News : « Avant d’en venir à ton actualité, peux-tu nous décrire ton parcours ? »

Sabine Penisson : « J’ai démarré dans la photo vers 15 ans, en autodidacte, par passion, j’aimais beaucoup la nature, les couleurs, je me suis donc naturellement tourné vers les fleurs et les plantes, d’où mon pseudo de Kactusficus. J’ai donc fait beaucoup de photo d’orchidées, et pas mal exposé quand je vivais à Paris. Puis j’ai déménagé, il y a une douzaine d’années sur Nice, et je me suis entichée du récifal. »

Recifal News : « Tu peux nous raconter comment cela s’est passé ? »

Sabine Penisson : « Je faisais des bacs d’eau douce et un jour je me suis rendu dans une animalerie pour acheter des racines …  pour relancer un bac planté. Il y avait un rayon eau de mer et mon mari m’a suggéré de me lancer. J’ai d’abord rétorqué que ce n’était pas possible,  que tout mourrait rapidement comme me l’avait expliqué mon oncle qui avait fait du marin dans les années 70/80. Évidemment un vendeur est arrivé qui m’a expliqué qu’il suffisait de mettre des pierres vivantes et un écumeur. Au final, au lieu de partir avec un sac de terreau, je suis parti avec un sac de sel. Et après je suis complètement tombé dedans, sachant que j’étais déjà plongeuse et grande fan de Cousteau, de faune marine, mais seulement en observatrice… Je ne pensais pas qu’il possible d’avoir un aquarium marin qui soit vraiment viable sur le long terme. Je ne connaissais personne avec un aquarium d’eau de mer donc c’était complètement l’inconnu. Je me suis donc énormément documenté et j’ai vu que c’était parfaitement faisable. Depuis  je n’ai plus pu faire autre chose et n’ai voulu faire que ça de ma vie, tant perso que professionnellement ! »

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Récifal News : « Et après ? »

Sabine Penisson : « J’ai commencé la photo d’aquarium marin, à renforcer mes niveaux de plongée, à m’équiper en photo sub. J’ai toujours fait beaucoup de photos en voyage, du terrestre, et petit à petit le marin est devenu une composante essentielle de nos voyages. Au début je profitais de mes périples « en touriste », engrangeant des photos pour après les proposer sur mes banques d’images, et depuis une dizaine d’années je fais des reportages plus construits en amont, mêlant interviews, articles et photos autour d’une destination ; les reventes me permettent de réinvestir pour me rééquiper en matos photo, terrestre ou sous-marine, et de repartir. Parfois les ventes sont bonnes, parfois pas terribles … C’est la vie de freelance! Mais globalement le monde de la photo pro est très dur en ce moment, il y a énormément de concurrence « déloyale » du fait d’amateurs qui acceptent de vendre à n’importe quel prix –voire aucun-, car ils ne déclarent pas leurs ventes et sont prêts à donner des photos juste pour la gloire …»

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Récifal News : « Et donc actuellement, tu vas garder toutes tes activités, photo, articles … ? »

Sabine Pénisson : « Oui oui, même si depuis la naissance de mon fils c’est un peu compliqué de garder tout, la photo, les articles, le blog, mon bac, tout en conservant une vraie force de vente auprès des médias et des marques aquariophiles… Je veux tout, et comme vous le savez « Trop c’est pas Assez » (… une devise qui me colle à la peau). Le blog a beaucoup souffert de ce manque de temps, les archives photo se sont un peu accumulées, je dois avoir douze à quinze mille photos en retard de tri ! C’est un peu la fuite en avant, mais je veux tout garder, car ces activités entretiennent ma passion! Maintenant que je suis impliquée avec Marine Life je vais y aller à fond, et on essaiera de garder un maximum d’à-côtés … en tout cas l’envie est toujours là. »

Récifal News : « Et du coup, comment en es tu venue à Marine Life ? »

Sabine Penisson : « Alors pour l’anecdote, Marine Life, c’était mes premiers fournisseurs d’animaux quand j’ai démarré l’aquariophilie marine. Le hasard a fait que c’est chez eux qui je me suis fourni en premier, puis régulièrement, quand je souhaitais plusieurs animaux précis en même temps, car leur catalogue a toujours été très étendu. Cela va faire un peu marketing, mais je n’ai jamais été déçue de ce que j’ai reçu, j’ai toujours eu un bon apriori sur Marine Life. Je suis donc contente d’être maintenant intégrée à cette enseigne qui est qualitative, un bon mix entre une énorme dispo et de la qualité ! Marine Life a un énorme catalogue, dispatché sur plusieurs serres d’acclimatation qui ont des fournisseurs un peu partout dans le monde avec lesquels la société travaille avec un cahier des charges particulièrement exigeant sur les critères qualité. Les animaux qui parviennent à nos clients ont été réellement acclimatés, nourris, traités en amont. Quand les animaux arrivent sur la serre d’expédition, ils subissent un dernier « checkpoint » (visuel, qualité, comportement), ce qui garantit des animaux qualitatifs, viables et rapidement adaptables à la vie en aquarium. Un autre avantage du processus Marine Life, c’est l’exemplarité sanitaire de la chaine de commercialisation : les animaux sortant d’acclimatation ne sont jamais  mélangés, ni entre provenance ni même entre individus, afin d’éviter les contaminations croisées et de permettre une excellente traçabilité. Ce cloisonnement strict garantit la bonne santé de nos animaux. »

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Récifal News : « Et niveau CITES, cela se passe comment ? »

Sabine Penisson:  « Les numéros de permis d’importation CITES des animaux inscrits sur les listes sont sur toutes les factures de nos clients, tout simplement. »

Récifal News : « Et ta place au sein de Marine Life ? »

Sabine Penisson : « Même si l’entreprise est avant tout une activité commerciale, je ne fais pas de vente et de suivi logistique moi-même, le site web et d’autres collaborateurs sont là pour ça. L’équipe est nombreuse, et j’ai ainsi toute latitude pour être entièrement dédiée au client : je m’occupe du suivi qualité, de la gestion des éventuels problèmes liés à une commande, des questions bio et aquariophiles, en amont ou en aval de la commande. Je suis d’ailleurs très positivement surprise par les nombreuses questions que les gens posent avant d’acheter, pour choisir les animaux, établir une population … et ça c’est très chouette. C’est à l’opposé de l’image « déshumanisée » et automatique que l’on a traditionnellement de la VPC : depuis que j’y travaille, je trouve au contraire que l’on peut avoir une vraie force de conseil, pour peu que le service client soit bien accessible au public.

J’en profite pour signaler que nous allons prochainement compléter l’offre de Marine Life, pour l’instant très orienté sur le vivant, avec un catalogue très complet de matériel ,consommable et une librairie… et que nous proposons d’ores et déjà un  service d’installation et de maintenance d’aquariums pour les particuliers.

Récifal News : « Ce sont plus des questions de débutants ou des sujets ultras pointus ? »

Sabine Penisson : « Il y a les deux; il y a des gens qui  démarrent un bac, qui veulent savoir quoi mettre comme détritivores, qui veulent savoir des choses sur nos pierres vivantes, et d’autres qui demande des choses très précises comme des murènes des Caraïbes, des Zebrasoma gemmatum … En plus de l’énorme catalogue, nous travaillons aussi le « sur-mesure », en proposant de répondre à n’importe quelle commande spéciale de clients qui recherchent des animaux un peu particuliers. »

Récifal News : « Nous voulions discuter d’un point particulier avec toi: il y a pas mal d’experts en technique sur le web récifal français, mais peut d’experts en vivant comme toi. Tu peux nous expliquer comment tu t’es construite cette expertise, cette sensibilité ? »

Sabine Penisson : « Si je fais un aquarium, c’est pour regarder les animaux, pas la décante! Vraiment le matos, pour moi il faut que ce soit fiable et précis, et c’est tout, après je ne veux plus en entendre parler. Comme tout le monde, je check tous les jours, voir si tout marche bien « là-dessous », mais c’est juste un coup d’œil. Et à partir du moment où cela marche, je ne vais absolument pas le changer pour le changer pour la dernière nouveauté en date, ou autre. Je ne change que lorsqu’il y a une défaillance ou une insuffisance. La course au matos n’est vraiment pas mon truc !

Les poissons, les invertébrés, je les aime, je les adore, j’ai envie de tout, mais j’essaie de ne pas succomber. Je suis guidée par cette soif de savoir, de connaitre ! La première année de ma « découverte » du monde de l’aquariophilie marine,  j’ai passé mes journées sur les bases de données pour apprendre toutes les espèces, pour savoir qui fait quoi et comment, quel rôle, quelle spécificité, par famille etc… Et au final, c’est cette imbrication de la vie qui me fascine. Après j’ai une bonne mémoire, cela aide aussi pour la taxonomie ! Je suis à la fois guidée par l’envie de connaître et par le fait que je suis quelqu’un qui ne fait pas les choses à moitié, ce qui facilite l’engrangement de connaissances. Je reconnais que ce n’est pas facile, ce sont des noms barbares, il y en a tellement que c’est compliqué ! Il y a plein d’espèces qu’il me reste à connaitre, c’est ce qui est passionnant dans cette discipline : il y a toujours plus à connaitre que ce l’on connaît déjà! Ce qui n’est pas le cas avec le matos où il y a une sorte de finitude, alors que le vivant non, pour preuve: on trouve de nouvelles espèces tous les jours ! »

Récifal News : « Chez Récifal News, on aime bien finir par un mot de la fin, mais pour toi qui es photographe, plongeuse et récifaliste, il va nous en falloir trois ! »

« Suivez votre Passion… avec un peu de Raison ! »

Récifal News : « Tu as raison, cela s’applique aux trois ! Merci beaucoup pour cette interview. Bon courage pour cette nouvelle fonction et pour tout ce que tu mènes de front ! »

 

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