Visite de la plus grande ferme de poissons ornementaux marins au monde
La semaine passée, Wen-Ping Su, le propriétaire taïwanais de cette ferme avant gardiste de poissons d’ornement marin, annonçait la première production de Zebrasoma xanthurum au monde. Comme Monsieur Su est un ami de longue date, nous avons décidé de lui rendre visite pour aller observer ces petites perles de nos propres yeux.
Nous avons pu voir de nos propres yeux, la douzaine de survivants de ce premier essai. Des petites copies conformes d’adultes, mais de moins de 3 cm de long, absolument adorables.
En visitant la ferme, une chose nous a choqué. C’est que le nombre d’espèces produites était plutôt considérable.
- Centropyge flavissima
- Holacanthus clarionensis
- Holacanthus passer
- Pomacanthus zonipectus
- Pomacanthus annularis
- Pomacanthus navarchus
- Pomacanthus maculosus
- Apolemichthys xanthopunctatus
- Chaetodontoplus personifer
- Chaetodontoplus
- Platax pinnatus
- Platax batavianus
Plus tous les poissons clown et maintenant donc Zebrasoma xanthurum. Et tout cela provient juste d’une seule ferme.
Si l’on compte toutes les fermes, entre Biota, Pomalabs … le nombre d’espèces marines reproduites est tout de même assez conséquent.
Alors pourquoi nous ne trouvons pas ces espèces dans les boutiques et on continue à proposer des animaux sauvages alors que l’alternative de l’élevage existe et est bien réelle ?!
Et bien la réponse est assez simple, et comme toujours c’est le prix. Tant que des animaux sauvages seront proposés pour la moitié du prix, les poissons d’élevage seront trop chers. Même si les poissons d’élevages mangent facilement des granulés, sont plus robustes et moins malades, touchent moins aux coraux et sont moins agressifs ; cela ne suffit pas.
Attraper un poisson sauvage, coûte en transport, et en maintenance, mais cela n’est rien comparé aux investissements d’une ferme d’élevage. Mr Su par exemple élève 2 souches de copépodes, 3 souches de rotifères, et une dizaine de souches d’algues afin de maintenir tout ce petit monde en vie. La moitié de sa ferme est réservée aux géniteurs qui doivent être dans des conditions optimales pour produire des œufs de la meilleure qualité possible afin d’améliorer l’élevage larvaire. Il perd régulièrement des lots entiers de poissons à cause de maladies. Sa ferme s’étend sur une trentaine d’hectares. Même si la méthode est extensive au possible avec des taux de survie très faibles, les coûts sont autrement plus élevés que des poissons sauvages qui sont collectés et expédiés en quelques jours.
L’aquariophilie récifale est une passion chère. Et elle le sera sûrement de plus en plus malheureusement, avec toutes les restrictions qui nous attendent. Personnellement, je pense que payer plus cher favorise la bonne maintenance de ces poissons. J’aimerais penser que les gens en prendront plus soin. Mais je pense aussi qu’il y a des solutions pour rendre ces animaux plus abordables. Une d’entre elle, est de limiter le nombre d’intermédiaires, que les fermes d’élevage vendent directement aux boutiques. En effet l’importateur, joue un rôle mineur, juste un rôle de banquier, il avance l’argent, lorsque les boutiques ont des conditions de paiement. Si les boutiques pouvaient être responsabilisées, les producteurs qui ont les investissements les plus conséquents, et les plus gros risques, pourraient être plus rentables, sans que les prix en boutique, ne soient délirants. Et tout le monde y gagnerait. Je trouve délicat d’appliquer des techniques de grande distribution, à des animaux vivants. Et pour être honnête c’est un peu la faute du consommateur finale.
Moralité de l’histoire, les poissons d’élevage sont présents et il ne tient qu’à nous de les rendre plus disponibles.