2 nouvelles espèces de Cirrhilabrus d’Indonésie décrites
Le très productif Ichthyologue Yi-Kai Tea, nous gâte encore avec une remarquable publication. Le labre Cirrhilabrus solorensis a été décrit pour la première fois en 1853 par Bleeker, basé sur des spécimens collectés autour de l’île de Solor en Indonésie, près de la pointe Est de Flores dans les petites îles de la sonde. Bien que suffisant à l’époque, ces travaux trop brefs, ont engendré des confusions taxonomiques. Et ainsi, ce qui était considéré comme des variations géographiques de colorations de la même espèce sont maintenant réparties en espèces différentes décrites. De nouveaux critères sont utilisés, notamment les colorations terminales des mâles qui viennent d’être décrites avec les technologies disponibles aujourd’hui.
Cette re-description de l’espèce Cirrhilabrus solorensis engendre donc, ainsi la naissance de deux nouvelles espèces : Cirrhilabrus aquamarinus et Cirrhilabrus chaliasi.
Ces 3 espèces font partie d’un complexe cantonné au triangle de corail et qui inclut 5 autres espèces C. aurantidorsalis, C. cyanopleura, C.luteovittatus, C. randalli, et C. ryukyuensis. Les particularités de ce complexe sont :
- une caudale légèrement rhomboïde
- les nageoires médianes claires et translucides avec un filigrane sinueux chez les deux sexes
- les écailles du corps sont bordées de bleu encre ou indigo, leur marge est souvent modelée avec un motif en forme de losanges, et des ossements qui se préservent en bleu à bleu-vert dans l’alcool.
La publication est disponible ici en suivant ce lien.
Cirrhilabrus solorensis
Tête gris olive terne à vert jaunâtre ; préopercule et opercule vert sombre ; iris violet vif, rouge vif sur le bord extérieur, avec anneau orange autour de la pupille. La région pré dorsale est fuligineuse ; le corps ocre terne à orange dorsalement, s’assombrissant au magenta ou bleu ventralement. Les deux couleurs souvent délimitées horizontalement le long de la base de la nageoire pectorale et la série postérieure d’écailles de la ligne latérale. La base des nageoires pectorales est violet foncé ; le bord distal de la nageoire dorsale est bleu vif ; les écailles allongées le long de la base de la nageoire dorsale sont magenta à violet foncé.
Cirrhilabrus solorensis est présent dans toutes les petites îles de la Sonde, à savoir Bali, Lombok, Sumbawa, Flores, Sumba, Timor, l’archipel d’Alor … Mais également dans les îles Moluques, au Timor-Leste et dans le la mer de Timor, où elle atteint sa limite la plus méridionale à Darwin, au nord de l’Australie. Il habite les récifs peu profonds avec débris de coraux exposés, à des profondeurs comprises entre 5 et 35 m. Dans plusieurs endroits à travers l’Indonésie, l’espèce fréquente les récifs recouverts de coraux durs (inhabituel pour Cirrhilabrus), plongeant dans la matrice corallienne à la moindre menace. Cette espèce est nommée d’après l’île de Solor à l’est de l’île de Flores.
Cirrhilabrus aquamarinus
Tête et museau jaune vif, brusquement crème à beige au-dessous de l’orbite inférieure au bord du préopercule. La nuque et la région pré dorsale sont orange vif ; l’iris rouge vif avec un anneau jaune autour de la pupille. L’opercule d’encre bleu à indigo, continue jusqu’au bord ventral de l’inter-opercule. Deux rangées d’écailles bleues foncé se distinguent au niveau de la ligne latérale antérieure. La base des nageoires pectorales est bleu foncé à violet. Le corps aigue-marine se distingue par un ventre clair. La nageoire dorsale hyaline jaune à orange a de nombreuses bandes bleues courtes. Le bord de la nageoire dorsale est bleu vif et les écailles le long de la base de la nageoire dorsale bleu foncée à indigo. Les nageoires caudale et anale sont semblables à la nageoire dorsale : leur base bleue d’encre foncée à indigo. Enfin, les nageoires pelviennes sont bleu hyaline et les nageoires pectorales rosâtre hyaline.
Cirrhilabrus aquamarinus se retrouve principalement dans l’est de Sulawesi et les îles environnantes de Banggai et Wakatobi. Des individus rares ont également été rapportés de Banda Neira. L’espèce fréquente les eaux peu profondes de débris coralliens exposés à des profondeurs comprises entre 5 et 20 m.
Le nom est donné d’après la brillante coloration aigue-marine du corps, une couleur inhabituelle partagée avec aucune autre espèce de Cirrhilabrus. Le nom commun fait allusion à l’apparence de la mentonnière formée par l’intensité des écailles operculaires pigmentées des mâles.
Cirrhilabrus chaliasi
La tête et le museau sont rouge vif avec un lavis magenta et devient brusquement bleu à bleu blanchâtre au-dessous de l’orbite inférieure jusqu’au bord du préopercule. La nuque et la région pré dorsale sont rouge sombre; l’iris rouge vif avec un anneau orange autour. La dorsale ocre vif à brun jaune sur les deux tiers du corps et vire au bleu à bleu violacé. Sur la partie ventrale, les écailles sur le corps sont bordées d’indigo ; comme les écailles plus concentrées derrière la nageoire pectorale. La nageoire dorsale hyaline jaune à orange se caractérise par de nombreuses et courtes rayures bleues à violettes, celles-ci largement sinueuses et réticulées, apparaissant en filigrane. Le bord distal de la nageoire dorsale est bleu vif ; les écailles le long de la base de la nageoire dorsale orange à brun orangé; et les nageoires caudale et anale sont semblables à la nageoire dorsale (leur base est violet bleuâtre). Pour finir, ses nageoires pelviennes sont d’un bleu hyalin et les nageoires pectorales hyalines rosâtres.
Cirrhilabrus chaliasi est connu de Bali, Sumbawa, Lombok, Flores, Komodo et Rinca. Il est aussi signalé à Wakatobi, Sulawesi où il chevauche C. aquamarinus, bien que cela semble être un signalement de distribution rare. Il fréquente le même habitat que les autres espèces dans son complexe, constitué de zones de débris coralliens avec une couverture corallienne sporadique à des profondeurs comprises entre 8 et 20 m.
L’épithète spécifique est donnée en l’honneur de Vincent Chalias, photographe sous-marin, biologiste de terrain et promoteur de l’aquaculture des coraux et des poissons à Bali. Il a grandement aidé à la description de la nouvelle espèce à travers ses excellentes photographies sous-marines et ses observations détaillées de terrain.
Les aquariophiles à la pointe de nouvelles découvertes
Cette publication est une nouvelle fois le fruit d’Aquariophiles chevronnés, et je suis extrêmement fier de faire partie de ce club, d’avoir un poisson nommé en mon honneur, tout cela dans l’intérêt de notre communauté.