Un Acanthophyllia Cerbère !
Les Acanthophyllia deshaesyana sont déjà des coraux extrêmement rares. Dans le milieu naturel, on les trouve dans des environnements très particuliers . Ils ne peuvent être importés en Europe légalement d’Indonésie, le principal pays collecteur. Ils sont donc très rares dans le commerce. Mais notre ami Thomas Ducasse, un vétéran récifaliste parisien, a réussi à obtenir un spécimen tout à fait incroyable.
Ce corail importé d’Australie par l’intermédiaire de Dejong en Hollande et de Culture Reef dans la région parisienne est une pure beauté particulièrement intéressante.
Un Acanthophyllia à 3 bouches !
Les Acanthophyllia sont des coraux à polype simple et libres, qui se reproduisent normalement seulement de façon sexuée. Les polypes ne se clonent pas et ne forment donc pas de colonies de polypes. Comment pouvons nous donc expliquer ce phénomène?
L’explication la plus probable est une blessure à un jeune âge, rapidement après que la larve se soit établie dans une crevasse du récif. Soit lors d’une perturbation physique du substrat, écrasée entre deux morceaux de coraux. Ou une blessure causée par un prédateur, un poisson ou un oursin herbivore par exemple, qui en broutant sur le substrat les algues, aurait blessé une larve à peine posée. La blessure entraîne la division de la bouche en 3 petites bouches se développant simultanément comme 3 polypes séparés, clone du polype originel.
Une coloration aussi intéressante
Même si l’on a l’habitude des Acanthophyllia beaucoup plus colorés que ce spécimen, bariolés de vert et de rouge. Cette coloration fine, brune constellée de lignes pointillées en orange métallique et ces pourtours de manteau vert sont rares et remarquables. Les liserés traversant la bouche sont aussi intéressants.
Thomas se retrouve devant un dilemme : séparer les 3 têtes pour faire partager ce corail avec d’autres récifalistes, ou le garder comme le Cerbère des Acanthophyllia.
Nous n’avons pas pour habitude de faire des posts sur des pièces particulières, mais ce corail nous a vraiment interpellé. Sa formation est fascinante et unique, ce qui mérite un post pour lui tout seul. Le monde du corail n’a de cesse de nous surprendre.
