Mise en place et démarrage d’un aquarium récifal spécifique : partie 1
Démarrer un aquarium récifal peut se faire de diverses manières. Impatience, précipitation et mauvais conseils sont souvent la cause principale de nombreux problèmes et déboires menant même au dégoût et à l’arrêt de l’aquarium. Il suffit de regarder autour de soi pour constater un nombre impressionnant d’arrêts d’aquariums lors de la première année de mise en service.
Un autre des points importants et non négligeable, même primordiale, pour le démarrage d’un aquarium marin ou récifal, est le budget ; de nombreux aquariophiles n’ayant pas pris toutes les informations se lancent dans un projet d’aquarium récifal et se retrouvent en difficulté rapidement car trop coûteux et de ce fait négligent une partie des bases impactant négativement la maintenance. Nous garderons toutefois à l’esprit que plus le volume est petit, plus la stabilité et l’équilibre seront difficiles à maintenir.
Pour débuter, posez-vous les bonnes questions : « de quel aquarium ai-je envie, récifal … oui mais plutôt axé sps, lps, mixte, mous … ? ». C’est pour cela qu’en premier lieu, il faut prendre son temps et ne pas se précipiter, penser et repenser, réfléchir à la conception de son projet, optimiser la place, calculer les dimensions des diverses cuves utiles (aquarium, cuve technique, refuge éventuel, réserve d’eau), choisir et dimensionner le matériel, la tuyauterie, et je dirais qu’il faut même d’ores et déjà réfléchir à la population finale pour respecter un ordre d’acquisition afin d’éviter les conflits possibles entre certains cohabitants (par exemple : les poissons les plus territoriaux et teigneux à introduire en dernier pour aider les plus calmes à trouver leur place dans l’aquarium récifal).
J’ajouterais qu’il ne faut jamais que l’aquarium empiète sur le lieu de vie : éviter les lieux de passage confinés (couloir), la chambre (bruits éventuels et commodité de maintenance) et autres qui pourraient vous et votre famille vous gêner dans la vie de tous les jours. L’aquarium doit être un vrai plaisir à observer dans le calme et mis en valeur dans un endroit bien réfléchi (penser aux points d’eau : arrivée et rejet) et attention aux endroits trop exposés aux rayons du soleil direct (risque d’algues excessives).
Cet article a pour objectif de vous présenter, à l’aide de quelques repères primordiaux, une mise en route d’un aquarium récifal sous une maintenance particulière, dédié aux SPS principalement et originaires d’Australie et de Fidji. Dans notre cas, nous parlerons d’une maintenance dite berlinoise, c’est à dire basée sur l’écumage et roches vivantes.
Nous aborderons ici la technique principalement, le coté intégration dans l’habitat étant plus personnel et ayant été mûrement réfléchi en famille. Sachez simplement que cet aquarium, de forme cubique de 300 litres, est intégré entre la cuisine et une des pièces à vivre.
En premier lieu, parlons de l’élément principal : l’eau utilisée est l’eau de conduite passée sous osmoseur 5 étages, d’un débit de 1800 litres par jour et d’un rejet avec un ratio de 1/2 environ (soit 1 litre d’eau osmosée pour 2 litres d’eau rejetée) et avec une mesure au TDS de zéro. Cette eau est préparée dans des fûts de 220 litres qui, une fois les opérations de changements d’eau effectués, sont stockés dans le garage. L’évacuation se fait classiquement via le réseau des eaux usées.
Pour la préparation de mon eau de mer, j’ai opté pour le sel basique de chez Instant Océan qui me paraît être très stable et amplement suffisant au niveau de la qualité après une utilisation de plus de 20 ans.
Je me base sur 37 g de sel par litre d’eau osmosée, me donnant une densité de 1025 lue à l’aide de mon densimètre à flotteur de marque JBL, ce dernier étant étalonné à l’eau de mer naturelle à une valeur de 1027 (mer Méditerranée). Ces valeurs sont lues à une température d’eau de 24 degrés Celsius.
L’aquarium est posé sur des parpaings en béton cellulaire qui ont l’avantage d’être très légers et facilement agençables (découpe et perçage extrêmement aisé).
La cuve elle-même mesure 65 cm x 65 cm x 70 cm. Elle est percée en son fond pour le passage de la descente d’eau en tuyau PVC de 32 mm et pour le passage de l’eau de remontée avec un tuyau PVC de 25 mm. Ces tuyaux sont placés dans une colonne humide équipée de peignes de surverse. J’ai installé sur le tuyau de descente un système Durso simplifié qui me donne entière satisfaction, le but étant d’obtenir une descente d’eau silencieuse.
Sous la cuve se situe une petite, très petite partie électrique et la cuve technique qui mesure 47 cm x 64 cm x 45 cm. Cette cuve technique est séparée en 3 parties ; une totalement fermée accueillant la réserve d’eau osmosée pour compenser l’eau évaporée, une seconde calculée pour que le tuyau de 32 mm y entre, servant de brise remous à l’eau provenant de la descente et enfin la troisième partie où se trouvent les divers éléments techniques à proprement parlé.
Afin de raccorder tous ces appareils il faut bien entendu les placer judicieusement afin d’optimiser la place et dans mon cas, c’est vraiment le mot.
Puis vient le moment de la mise en place de la tuyauterie qui alimentera tout le système de filtration.
On y retrouve donc :
- l’écumeur, élément primordial de l’installation, un Royal Exclusive Bubble King mini 180 choisi pour son silence et son rendement (1200 litres d’air/h pour 2000 l d’eau/h) sans oublier la qualité des matériaux utilisés et donc la solidité et la fiabilité. Un « Skim Breeze » de chez Fauna Marin complète la fonction écumage via l’aspiration d’air : cet appareil rempli de billes absorbantes a un rôle purificateur d’air entrant dans l’écumeur et permet une augmentation substantielle du pH de l’aquarium.
- la pompe de remontée, une JEBAO DC8000, avec débit réglable et réglée au ¾. Vous me demanderez pourquoi un débit aussi important ? ; tout simplement car en plus de la remontée, elle me sert à alimenter en eau les divers éléments d’épuration suivants à l’aide de plusieurs départs équipés de vannes. Enfin, elle me permet d’avoir une marge perceptible (perte de débit causée par la remontée elle-même ainsi que par encrassement). Mon « Turn-over » mesuré est d’environ 8 fois le volume du bac soit 2400 litres/heure.
- le réacteur à biopellets, un BIOCHURN modifié (la pompe a été enlevée laissant place à une arrivée directe en eau), servant à diminuer au plus bas les taux de phosphates (PO4) et de nitrates (NO3) avec une charge plus ou moins importante de coraux et de poissons. Il sera démarré en mode 100 g aux 100 litres.
- le mini réacteur à zéolites, qui lui, ôtera légèrement les oligo-éléments de base afin de rendre le bac oligotrophe à minima car je n’y mets que 500 grammes. Je précise que je n’utilise pas les divers protocoles dit zéo.
- une chambre à supports bactériens, où ici j’y ai disposé des céramiques Siporax Pro de chez SERA, permettant une épuration supplémentaire. Ce réacteur est basé sur un ancien réacteur a calcaire Bubble Magus que j’ai totalement modifié pour n’en faire qu’une chambre avec passage forcé et disposant d’un débit réglable.
- une sonde pH
- une sonde de température
- un capteur de niveau pour la compensation d’eau évaporée, le remplissage étant effectué par une petite pompe NewJet 400
Vous remarquerez qu’il n’y a pas de chauffage par thermoplongeur, la pièce ne descendant jamais sous les 20 °C, les pompes suffisent à maintenir une température correcte pour la maintenance (24 °C environ).
Une supplémentation sera mise en place pour le maintien des paramètres dits basiques, Kh, Ca et Mg à des valeurs optimales. Une seconde supplémentation sera effectuée afin de maintenir les taux d’oligo-éléments de marque Red Sea aux valeurs désirées à l’aide de la dosing pump P4 smart de chez Dupla Marin dont la présentation est visible par ici.
Tout ce matériel est raccordé et piloté via un petit automate de marque AQUATRONICA, modèle ACQ140 qui remplit amplement ses fonctions. Par ailleurs cet automate pilote également un aquarium de type amazonien de 1200 litres et le récifal de 700 litres.
Il gère les différents niveaux d’eau, les diverses alarmes (température, manque d’eau, pH) et bien entendu les marches/arrêts de chaque appareil, piloté ou non. J’avoue que cela simplifie grandement les diverses opérations de maintenance et est d’une praticité absolue.
L’eau de l’aquarium lui-même est brassée par 2 pompes Tunze électronique, une 6105 et une Tunze 6040, toutes les 2 prochainement remplacées par une Stream 3 de chez Tunze.
En cas de besoin, si la température atteint les 27 °C, une rampe de ventilateurs de marque JBL se met en service afin de maintenir une température adaptée à nos animaux.
La partie éclairage, un point plus qu’important, est effectuée par une rampe Philips CoralCare qui éclaire amplement les 65 cm par 65 cm et surtout atteint sans soucis les 70 cm de profondeur avec une qualité de lumière inégalée pour ma part. Nous parlerons de cette rampe plus précisément dans un futur article dédié.
Nous verrons la suite dans un prochain article, le décor, les roches et le lancement.
A suivre : mise en place et démarrage d’un aquarium récifal spécifique : partie 2